Une double annonce intéressante
Primo, elle illustre l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises industrielles. Secundo, elle illustre le dommage collatéral financier dans la transformation dans laquelle s’est embarquée Solvay et l’Europe en général.
L’impact du déclin du secteur des transports
La crise sanitaire a touché l’activité économique au cœur. En effet, le confinement a étouffé complètement le transport. Or, le transport est au centre du complexe industriel de l’Europe et de son activité et de son économie. L’automobile représente 7 % du PIB. Environ 16,5 millions de voitures (20 % de la production mondiale) sont fabriquées en Europe ! L’aéronautique est plus petit (1 %) en tant que secteur, mais il joue un rôle dans la facilitation de l’industrie du tourisme (4 % de l’économie européenne). Et ce n’est pas anodin que la France ait annoncé deux plans de relances sectoriels : l’un pour l’industrie automobile et l’autre pour l’aéronautique. Solvay, en tant que fournisseur à cette industrie, illustre hélas cet impact négatif.
Une acquisition payée trop chère ?
La « vieille Europe » industrielle doit s’adapter au monde de demain, moins consommateur d’énergie, y compris les transports. Cytec fabrique des matériaux composites (des plastiques) qui rendent beaucoup plus légers les moyens de transport – de l’avion à la voiture – et qui remplacent petit à petit les métaux. En somme, elle contribue à diminuer le poids de ces moyens de transport et leurs émissions en CO2. C’est un achat qui était en droite ligne avec la stratégie de long terme des actionnaires familiaux. Le marché constate aujourd’hui que cela implique des dommages collatéraux financiers. Et c’est ce qu’illustre aujourd’hui la dépréciation d’actifs sur Cytec.
Dommage collatéral
Cytec a été achetée en 2015 pour presque 6 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros). Le montant représente quatre fois les fonds propres et 35 fois les bénéfices. De plus, cet achat a été financé par la première augmentation de capital en bourse sur ses 150 ans d’existence. Cet achat nécessaire est à considérer comme un « dommage collatéral ».
En conclusion
Si la crise sanitaire se complique, cela n’entame pas la ligne directrice : le complexe industriel européen s’adapte et devient moins consommateur d’énergie. Cette adaptation implique des dommages sur l’économie réelle : tissu industriel, emploi. Sans oublier des « dommages collatéraux » financiers. La leçon est simple : le particulier doit être accompagné par des experts car la bourse n’est pas qu’une affaire de bon sens, mais nécessite d’appréhender toute la complexité de la situation économique.