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Perspectives 2023 : une année en deux temps

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
A quoi ressemblera l’année 2023 et quelles sont les leçons que nous pouvons tirer de l’année en cours ?

Nous sommes quasi à la fin de l’année 2022, s’il y avait deux mots ou expression pour la définir, je pense que le mot inflation et crise énergétique remporteraient les suffrages, non ?

Sans aucun doute.
  • L’inflation a été plus persistante que ce qu’estimait le consensus. Bien entendu, ce retour de l’inflation a conduit à une remontée en flèche des taux d’intérêt sous l’instigation des banques centrales dont le rôle principal est de lutter contre l’inflation. La remontée des taux a évidemment impacté négativement les marchés financiers comme chacun a pu le constater.
  • Quant à la crise énergétique, même si elle a fait la UNE des médias, même si elle a impacté – parfois très durement – certaines entreprises industrielles, force est de constater qu’elle n’a pas eu – fort heureusement – un impact trop négatif sur l’activité économique dans son ensemble, ni d’ailleurs sur la consommation des ménages. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu d’impact négatif, mais ce dernier est moins dramatique que ce que l’on aurait pu imaginer. Personne ne s’en plaindra. Mais il faut aussi rappeler que les gouvernements sont aussi à la manœuvre via leurs plans de soutien dont le plus emblématique est clairement le plan allemand de 200 milliards d’euros.
Finalement, on peut dire sans crainte d’être contredit que l’activité de l’année 2022, malgré la hausse des taux et la crise énergétique n’aura pas été trop impactée négativement.

L’année 2022, à défaut d’être bonne, aura au moins montré une forme de résilience, mais qu’en sera-t-il pour 2023 ? Après tout, le pessimisme est plutôt de mise et le mot le plus souvent cité pour 2023, c’est le mot récession.

En effet, c’est un mot qui revient souvent sous la plume des commentateurs. Le ralentissement économique se fera sentir en 2023, il sera très visible et aura un impact sur la croissance bénéficiaire des entreprises. N’oublions pas qu’en 2022, en dépit des difficultés évoquées plus haut, la croissance bénéficiaire était de l’ordre de 20 % en Europe. Il n’en sera pas de même en 2023.

Pour ma part, je crois que l’année 2023 sera une année en deux temps :
1.
Il y aura d’abord un impact de la hausse du loyer de l’argent sur la croissance qui sera surtout visible au premier et deuxième trimestre. La croissance des profits des entreprises sera orientée à la baisse.
2.
En revanche, la deuxième partie de l’année pourrait connaître une certaine stabilité. Et cela, pour une double raison :
  • La première, c’est que les plans de soutien budgétaires resteront encore actifs en 2023.
  • N’oublions pas que les banques centrales auront à cœur de ne pas trop freiner l’activité économique et encore moins de casser le marché de l’emploi.

Tenant compte de ces éléments, comment avez-vous repositionné votre portefeuille ?

Nous démarrons l’année 2023 sous le signe de la prudence. Nous restons encore sous-pondérés en actions, et nous gardons notre faveur pour les actions américaines. Nous nous intéressons aussi au marché du crédit, mais nous sommes également intéressés par les marchés émergents. La raison de ce dernier choix ? La Chine lève progressivement sa politique de zéro-Covid et nous pensons que les pays émergents profiteront de ce retour à une croissance plus normale en Chine.

En conclusion ?

Si l’année 2022 a été placée sous le signe de la résilience, l’année 2023 sera une année en deux temps. Avec un début d’année compliqué mais des signes d’amélioration durant la deuxième partie de l’année. Il faudra donc garder la tête froide. Comme toujours en Bourse.
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