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Omicron cause la panique sur la bourse. Faut-il s'en inquiéter ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Après la reprise économique et les perspectives y compris boursières, plutôt positives de ces derniers mois, le nouveau variant Omicron du Covid semble renverser la tendance. Comment répondre en termes de stratégie d’investissement ?

Un premier constat, les marchés sont un peu nerveux pour l’instant. Pour quelles raisons ?

  • Un nouveau variant, désigné désormais par la lettre grecque « Omicron », est apparu en Afrique australe et est devenu très rapidement dominant en Afrique du Sud. Je tiens à préciser que pour l’instant l’augmentation des admissions à l'hôpital y sont minimes.
  • On sait très peu de choses à propos de ce variant sauf : 
    1. Il a le potentiel de se répandre très rapidement (c’est ce qui est en tous cas arrivé en Afrique du Sud).
    2. Il contient une trentaine de modifications de la protéine « spike », celle qui permet au virus de pénétrer le corps humain et qui est la cible des vaccins actuels. Le risque donc qu’on qualifie d’« échappée immunitaire » (la possibilité qu’il résiste aux anticorps de fait de ses mutations) a fait réagir à chaud une série de gouvernements qui ont immédiatement bloqué les arrivées en provenance d’Afrique australe. 
  • Trois facteurs sur lesquels nous n’avons pour l’instant aucune certitude façonneront l’impact économique de ce nouveau variant : 
    • sa transmissibilité ; 
    • le degré de protection offert par les vaccins et par les infections antérieures ;
    • la gravité de la maladie qui résulte de l’infection qu’il provoque. 
Il va falloir attendre deux semaines avant d’avoir les premières analyses conclusives sur ces trois facteurs.

Quels secteurs et entreprises réagissent face à ce constat ? Et voyez-vous des similitudes avec les variants précédents ?

  • L’incertitude générale a fait perdre 3,5 % à la bourse vendredi 26 novembre, mais il n’y avait pas de sentiment de panique. Il régnait une certaine logique. 
  • Comme à chacune de ces annonces, ce sont les filières du « loisir » et du « tourisme » ont été les plus touchées. Ainsi, AIRBUS et RYANAIR ont perdu plus de 10 % au moment où est sortie la nouvelle. Le secteur du luxe dont une partie du chiffre d’affaires est généré dans les zones duty-free des aéroports a aussi souffert (LVMH a perdu 12 % à l’ouverture ce jour-là qu’elle a d’ailleurs récupéré dans la journée). En Belgique, ce sont des entreprises comme KINEPOLIS (qui a perdu 8 %) et la chaine de fitness BASIC FIT qui ont été les plus touchées. Les brasseurs (AB INBEV et HEINEKEN) n’ont pas eu une bonne journée non plus. 
  • Du côté des valeurs refuges, il y a bien sûr les entreprises « stay at home » comme NETFLIX ou dans une moindre mesure COLRUYT en Belgique qui ont toutes les deux progressé vendredi. De même pour les entreprises de logistique comme BPOST ou WAREHOUSE DE PAUW. 
  • Enfin certaines entreprises pharmaceutiques ou de de sous-traitance (comme LONZA en Suisse) ont bien résisté. ROCHE qui a une division de diagnostiques n’a baissé que de 1 %.

La bourse reflète la valeur accordée par la communauté des investisseurs à la capacité de production d’une économie.

Comment avez-vous géré cela en tant qu'investisseur ?

  • Ce type de situation met en lumière la nécessité d’être discipliné pour toute personne qui investit. Être discipliné c’est ne pas se laisser aller aux exagérations ; c’est n’être ni trop optimiste, ni trop pessimiste. Je vous rappelle que nous avions pris quelques profits dans les portefeuilles au mois d’octobre, alors que la bourse montait. 
  • Plusieurs scénarios économiques sont possibles. Il y a des scénarios « négatifs » qui pourraient mener vers un ralentissement de la croissance mondiale l’année prochaine ; sans doute avec un rattrapage en 2023. Mais il y a aussi un scénario de « fausse alerte », dans lequel Omicron se propage moins rapidement que Delta et n'a pas d'effet significatif sur la croissance mondiale. 
En attendant d’en savoir plus, nous devons faire face aux incertitudes boursières et se méfier des conclusions hâtives. Cela étant dit, quoi qu’il arrive, notre stratégie est de rester investi en bourse. La bourse reflète la valeur accordée par la communauté des investisseurs à la capacité de production d’une économie. Cette valeur n’est pas érodée par la pandémie et ses variants, je dirais même au contraire.
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