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Holdings : toutes les décotes ne se valent pas

Herman Van der Loos - Senior Equity Analyst
L’investisseur belge aime les sociétés holdings. Comment se sont comportés ces sociétés à portefeuille durant ces derniers mois et quelles sont les perspectives pour ce segment de la cote boursière ?

Pourquoi s’intéresser aujourd’hui aux sociétés holding ?

Parce que les holdings sont une spécialité belge, presqu’au même titre que nos gaufres ou nos frites ! L’investisseur belge y est attaché et c’est l’occasion de refaire le point sur cette spécificité belge.

Justement, quel est l’intérêt d’acheter une action « holding » ?

Il y a beaucoup de raisons à cela.
  • La première, c’est que sur le long terme, ces sociétés holding affichent de belles performances boursières. Au cours des dix dernières années, le return annuel moyen tournait entre 10 et 12 %. Ce n’est quand même pas rien !
  • Ensuite, c’est l’évidence qu’il faut rappeler : investir dans une société holding, c’est de s’assurer ipso facto d’avoir un portefeuille diversifié, vu que le rôle de ces holdings, c’est de gérer au mieux des participations diverses. Et puis, les directions de sociétés holdings ont un réseau exceptionnel. Elles arrivent à trouver et à financer des pépites, des sociétés non cotées auxquelles l’investisseur moyen n’aurait pas accès.
  • Et last but not least, avec une gestion au compas, les holdings ont une structure de coûts qui ferait pâlir bien des fonds de placement.

D’accord, mais pourquoi un investisseur privé doit-il passer par une holding, il pourrait lui-même faire sa propre diversification, non ?

Sur le papier, oui. La réalité est souvent tout autre. Les bonnes performances de ces sociétés holding montrent qu’il y a un réel savoir-faire qui n’est pas à la disposition d’un investisseur particulier.

Parlons de la crise actuelle : inflation galopante, hausse des taux, guerre en Ukraine, les actions des sociétés holding n’ont pas été immunisées face à cette déferlante de mauvaises nouvelles ?

Dire le contraire serait faux. Mais avec un bémol toutefois : si baisse il y a eu, il faut aussi reconnaître qu’elle a été moins forte pour le segment des holdings que pour d’autres secteurs au troisième trimestre. Aujourd’hui, on est en ligne avec le marché, à savoir une chute de 20 % en moyenne depuis le début de l’année. Et une décote qui s’est envolée à du – 27 %, ce qu’on n’avait jamais vu depuis fort longtemps !

Qui dit « décote » dit opportunité d’achat ?

Pas nécessairement. En tout cas pas à l’aveugle. Les holdings poussées par le syndrome FOMO (fear of missing out, ou peur de manquer une opportunité) ont pris des participations à un montant élevé en 2021. Parfois trop élevé avec le recul. Mais ces valorisations n’ont pas encore été réactualisées au sein des portefeuilles des sociétés holdings. Par diverses techniques, les sociétés holdings retardent cette réactualisation qui n’aura sans doute lieu qu’en 2023, voire en 2024. Prudence donc avant d’aller faire son shopping.

La prudence n’empêche pas d’épingler 3 valeurs qui, selon nous, ont été injustement matraquées par les marchés financiers :
  • D’Ieteren dont le sous-jacent Belron est une « succès story » indéniable.
  • Sofina dont la décote est exagérée, ne serait-ce que parce que certaines valeurs sous-jacentes ne sont pas prises en compte à leur juste prix.
  • Et puis, Investor AB qui est exposé à des valeurs industrielles scandinaves de grande qualité et valorisées au juste prix, ce qui n’est pas le cas ailleurs.
Nous sommes dans la nuance et nous restons positifs. Mais prudents et sélectifs.
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