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les gens applaudissent

Pandémie du coronavirus: pas que des mauvaises nouvelles

Céline Boulenger - Economist
Si la pandémie du Covid-19 est une catastrophe tant sur le point sanitaire que sur le point économique, ses conséquences ne sont pas que négatives. Loin de minimiser l’ampleur de cette pandémie et les dégâts humains et économiques qu’elle engendre, concentrons-nous sur ses aspects positifs et soulignons ses nombreux gestes de solidarité.

Produire local

produire local
Une leçon capitale ressort de cette crise sanitaire : la Belgique se doit d’être autonome en matière de production de matériel médical essentiel, comme les masques et les ventilateurs. En effet, les dangers de la mondialisation extrême, où les chaînes de production sont de plus en plus complexes, sont aujourd’hui dévoilés au grand jour. Lorsqu’il est impossible d’avoir accès au matériel nécessaire pour soigner nos populations parce que celui-ci est produit à l’autre bout de la planète, l’heure est peut-être venue de repenser le système économique dans lequel nous vivons. Cette crise va donc nous aider à promouvoir la production locale, et à se recentrer sur nous-mêmes. On a pu observer la vitesse à laquelle nos entreprises se sont adaptées, avec par exemple des distilleries transformées pour quelques semaines en producteurs de gel hydroalcoolique, ou les réseaux de couturières aujourd’hui actifs plus que jamais pour produire des masques pour 11 millions de Belges. Un retour à la mondialisation extrême du début des années 2000 est très improbable. La production locale et nationale vont prendre davantage d’ampleur, car nous devons nous assurer qu’en cas de nouvelle pandémie, notre pays puisse être autonome. En revanche, il faut aussi souligner que ce retour du « chacun pour soi » n’a pas que des connotations positives ; en effet, une montée du protectionnisme et de politiques nationalistes, qui pourrait être très dangereuse, n’est pas à exclure.

Innovation

innovation
Le confinement, présent dans de nombreux pays, force les entreprises à s’adapter à la création et l’utilisation de nouvelles technologies numériques. En effet, le télétravail à grande échelle aurait pu paraître comme un casse-tête chinois avant cette crise, et pourtant, on voit aujourd’hui qu’il peut fonctionner. Et ce, grâce à l’adoption rapide de nouvelles technologies par nos entreprises et à la confiance mutuelle qui existe entre l’employeur et ses employés. De nombreuses entreprises belges ont répondu à l’appel du besoin d’innovation pour faire face à cette crise. Par exemple, le CEO de MyWork Platform a créé TRAQUP, un site internet qui permet de suivre l’évolution des cas de coronavirus en Belgique. De nombreuses plateformes numériques ou applications mobiles ont été créées par nos start-ups belges ; certaines ont pour objectif d’améliorer la communication entre un médecin et ses patients, d’autres offrent des consultations en ligne gratuites avec des médecins, et certaines aident même à faciliter le télétravail (comme par exemple, en réduisant l’anxiété et le stress des travailleurs).

Un sens de la communauté

Il ne tient qu’à nous d’écrire l’économie de demain.

Cette crise sanitaire s’est aussi accompagnée d’une vague de générosité et de partage dans nos communautés. En respectant les mesures de confinement, chaque Belge s’est protégé lui-même du virus mais a aussi permis de protéger les autres. On l’a bien compris, combattre cette pandémie doit obligatoirement être un effort collectif, et personne ne peut être laissé-pour-compte. Depuis le début de la crise, les aides envers les hôpitaux, venant tant de particuliers que des entreprises, se sont multipliées, et tous les soirs, les Belges applaudissent pour montrer leur soutien envers le personnel soignant. Des hôtels ont également été réquisitionnés pour loger les sans-abris, une tranche de la population extrêmement vulnérable et qui est fortement à risque de contracter le coronavirus. De plus, notre regard envers nos doyens a changé. Certains supermarchés proposent par exemple un horaire adapté pour que les personnes âgées aient la priorité. De nombreuses initiatives ont aussi vu le jour pour aider les homes, leur personnel et leurs résidents, gravement touchés par la crise sanitaire. Bien sûr, ces actes de bonté et de charité sont toutefois à nuancer, car même si la crise privilégie l’altruisme chez certains, ça n’est pas le cas pour tout le monde. En effet, la criminalité, qu’elle soit physique ou virtuelle, est toujours bien présente. C’est une véritable course aux arnaques qui a vu le jour, et pour certains, toutes les excuses sont bonnes pour faire du profit sur le dos des plus vulnérables (comme par exemple en s’appropriant des masques pour les revendre beaucoup plus cher).

Confiance en l’Etat

un sens de la communauté
Enfin, espérons que cette crise sanitaire amènera à plus d’engagement des citoyens dans notre démocratie. En effet, rarement les Belges se sont sentis aussi impliqués dans les décisions politiques, puisque celles-ci ont fortement touché chacun d’entre nous. Nous avons dû faire confiance à l’Etat, et suivre ses directives aveuglément, sachant qu’elles étaient mises en place pour nous protéger. Une nouvelle relation, basée sur la confiance et la communication, pourrait donc naître entre l’Etat et les citoyens. La place des citoyens dans les décisions politiques est amenée elle aussi à croître dans les mois et les années à venir. Et l’on pourrait voir apparaître une nouvelle démocratie, ancrée dans les valeurs communes d’altruisme, de solidarité, de soutien envers nos producteurs locaux et d’innovation. Ces valeurs qui ont été nécessaires pour combattre la pandémie et qui nous aideront à relancer l’économie d’une façon durable.
Il existe bien d’autres initiatives, et des changements positifs qui sont nés de cette crise, comme une réduction de la pollution, ou des événements culturels gratuits en ligne, ou même l’augmentation des donations envers les organisations caritatives. Il faut espérer que ces vagues de générosité et cet esprit de communauté qui ont fait surface grâce à la pandémie ne seront pas appelés à disparaître dans les prochains mois. Il ne tient qu’à nous d’écrire l’économie de demain ; faisons en sorte qu’elle rime avec solidarité, réduction de la pauvreté et des inégalités, et respect de notre environnement.
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