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La chute des Bourses, caractéristique de « l’effet janvier » ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
L’année 2022 a démarré dans le brouillard en raison de l’inconnue OMICRON et des craintes de hausses des taux d’intérêt. L’occasion d’interroger Jérôme van der Bruggen, responsable de la stratégie d’investissement de la banque Degroof Petercam.

Etes-vous serein en dépit de ce début d’année en forme d’immense point d’interrogation ?

Oui, notamment en raison de la rapidité avec laquelle Omicron a pris le dessus des infections, même si on constate assez peu d’impact sur les hospitalisations. Il est clair aussi que les « minutes » (comptes-rendus) de la réunion des gouverneurs de la Fed du mois de décembre dernier indiquent que les banquiers centraux sont d’humeur belliqueuse (hawkish). Leur volonté de rehausser le loyer de l’argent va d’ailleurs de pair avec des chiffre d’inflation qui restent élevés, notamment en Europe (5 % en décembre).

Mais est-ce à dire que ce variant et cette remontée des taux aura un impact sur vos perspectives macroéconomiques ?

L'activité au premier trimestre peut être jugée un peu décevante, mais l'impact restera assez modéré. L'économie devrait être en mesure de mieux faire face au virus. En d’autres termes, selon nous, les années 2022-2023 devraient être tout à fait correctes en termes de croissance économique.

Et le retour de l’inflation ?

Pour ce qui est de l’inflation, c’est vrai qu’elle est plus persistante que ce que nous avions prévu. Mais nous pensons que le taux d’inflation élevé que nous connaissons pour l’instant n’est pas représentatif du taux auquel nous devons nous attendre pour le moyen terme.

Et du côté des marchés financiers, faut-il craindre une année volatile ?

En réalité, deux phénomènes caractérisent cette rentrée boursière, des phénomènes prévisibles mais qui comme toujours en bourse se manifestent avec force.
  • D’abord, le marché est en train de renforcer le jugement selon lequel les taux d’intérêt vont augmenter cette année. Souvenez-vous que fin décembre, le marché s’attendait encore à des taux directeurs aux États-Unis autour des 0,5 % pour la fin 2022. Ils sont à zéro aujourd’hui, soit l’équivalent de deux hausses des taux. Le marché s’attend aujourd’hui à des taux d’intérêt plus proche des 1 %. En d’autres mots, en 15 jours à peine, le marché est passé de deux hausses de taux à trois voire quatre ! Dans ce cadre, les valeurs sensibles au cycle économique, à la réouverture de nos économies se portent bien dans ce contexte. Les banques (KBC) et l’automobile (Stellantis) en sont des exemples.
  • Ensuite, il faut rappeler que les indices débutent l’année en légère baisse. C’est un phénomène typique pour le mois de janvier – surnommé « effet janvier » - et qui est lié à une forte rotation sectorielle. Traditionnellement, janvier est donc un mois de rééquilibrage des portefeuilles. C’est souvent un renversement par rapport à la tendance de décembre, mois de « façade » ou de « window dressing » comme l’appellent les anglo-saxons. Autrement dit, le mois de janvier est un mois où l’on inverse ce mouvement.

Vous avez un exemple en tête ?

En décembre dernier, les GAFAM comme Apple et Google avaient très bien performé, mais nous constatons que ces valeurs ont un peu plus de mal en ce début d’année.

Est-ce de nature à modifier vos messages stratégiques ?

Pas du tout, nous avons toujours quatre messages en termes de perspectives :
  • Nous pensons qu’il y aura une croissance des bénéfices ainsi que des conditions financières qui restent souples.
  • Nous ne pensons pas que c’est la fin des valeurs de croissance comme les GAFAMs !
  • Mais c’est vrai, nous préconisons un équilibre entre ces valeurs et les valeurs sensibles au cycle.
  • En résumé, nous croyons à une bonne année pour les bourses, avec une préférence pour les actions US et l’Europe
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