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Paléo, une biotechnologie exceptionnelle pour votre assiette

Paléo, une biotechnologie exceptionnelle pour votre assiette

Degroof Petercam - Marketing & Communication Specialist
Les Belges ont la réputation d'être de bon vivants. Cependant, sans toujours trop le savoir, leur penchant pour les plats à base de viande et de poisson a un impact considérable sur l’environnement. Hermes Sanctorum et Andy de Jong, entrepreneurs visionnaires, ont voulu y remédier.

Ils ont fondé Paleo et cherché une technologie permettant de fabriquer « artificiellement » de la viande sans utiliser d'animaux. Le succès de Paleo peut sembler relever de la science-fiction, mais il s'agit en réalité d'une brillante prouesse d'ingéniosité biotechnologique locale. Entretien avec Andy de Jong, cofondateur de Paleo et lauréat du prix "Jeune entrepreneur flamand de l'année" décerné par la JCI.

Paléo n'est pas très connu du grand public, pouvez-vous nous expliquer votre vision et votre approche ?

Andy de Jong : Tout d'abord, Hermes et moi aspirions à avoir un impact à grande échelle. Ce qui nous motivait, c'est le bien-être des animaux, la durabilité, la biodiversité. L'alimentation est importante à cet égard, car l'élevage a un impact considérable en termes de souffrance animale et de consommation d'eau, entre autres. En même temps, la viande en tant que produit est considérée par beaucoup comme quelque chose de positif ; non seulement, elle est savoureuse, mais elle rassemble aussi les gens autour d’une table et, grâce à sa teneur en fer, elle contribue à notre santé. Cette dualité nous a fait réfléchir : comment préserver les bonnes qualités inhérentes de la viande et se débarrasser de ses effets négatifs ?

Vous avez résolu ce problème en recourant à ce que l'on appelle la fermentation de précision. Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi cela consiste exactement ?

Notre analyse de la composition de la viande nous a conduit à la myoglobine. Cette protéine est responsable de la couleur rouge, du goût agréable et du fer dans la viande. Nous avons ensuite introduit un morceau de code ADN de la myoglobine dans de la levure, afin de lui donner l'ordre de fabriquer cette protéine. La particularité de notre fermentation de précision est que la levure ne garde pas la protéine en elle-même, mais la libère dans son environnement. Cette libération, appelée « sécrétion extracellulaire », nous permet de fournir un produit final qui ne contient aucun matériel génétiquement modifié (OGM). C'est une très bonne chose, tant pour le consommateur que pour le régulateur.

Faut-il vous considérer comme des producteurs de viande?

Nous sommes un producteur B2B d'ingrédients issus de la viande et nous ciblons les producteurs d'aliments à base de plantes. En ajoutant nos produits à leurs recettes – je pense, par exemple, à des boulettes de viande ou à des hamburgers à base de plantes – il est tout à fait possible de recréer des produits alimentaires qui se distinguent à peine de la viande d'élevage traditionnelle en termes de goût, de couleur et de teneur en fer. Notre portefeuille comprend actuellement des myoglobines de porc, de bœuf, de poulet, de thon et même… de mammouth ! Pour ce dernier, nous avons été les premiers au monde à extraire l'ADN d'un mammouth fossile, à introduire son code ADN de myoglobine dans de la levure et à créer ainsi de la myoglobine de mammouth. Nous l'avons fait délibérément pour prouver que les possibilités de notre technologie de la viande sont presque illimitées, et que nous n'avons donc pas besoin d'animaux vivants pour cela. D'ailleurs, cette technique convient également aux poissons à chair rouge tels que le thon.

Quelle est la place de la coopération dans votre entreprise?

Hermes est bioingénieur et je suis médecin de formation. Nous nous sommes rencontrés grâce à notre réseau commun. Dès le départ, notre collaboration s'est avérée fructueuse. Nous partageons les mêmes points de vue dans de nombreux domaines et nous nous complétons parfaitement dans d'autres. Les différentes étapes que nous avons franchies à court terme prouvent que notre coopération produit de réelles synergies. La coopération avec les autres membres de l'équipe et les investisseurs se déroule également sans heurts. Paleo est une entreprise très engagé par sa mission. Tout le monde croit en la raison d'être de notre travail et tout le monde est soucieux de son impact. Nous bénéficions d'un cadre très professionnel, avec des administrateurs indépendants qui nous encouragent constamment et nous prodiguent des conseils, sans pour autant devenir trop contrôlants.

Avez-vous des conseils à donner à d'autres entrepreneurs?

En tant que jeune entrepreneur, il est très important d'être guidé par des experts. Veillez à mettre tout clarifier dès le départ. Les conseils juridiques, fiscaux et en ressources humaines coûtent un peu d'argent, mais si vous ne faites pas cet investissement, vous aurez tôt ou tard des problèmes et perdrez un temps précieux.

En outre, assurez-vous que vous savez et comprenez vous-même ce que vous faites. Les master classes organisées par la JCI en collaboration avec Degroof Petercam, Paquay & Associates et Cresco Law nous ont été très utiles à cet égard. Elles abordaient des sujets financiers, juridiques et économiques complexes, et nous ont procuré une vision plus large de notre organisation et aider à voir ce qui manquait encore ou ce qui pourrait être amélioré au sein de notre entreprise.
Andy de Jong, medeoprichter van Paleo

Paleo est une entreprise qui se nourrit sur une grande motivation. Tout le monde croit en la raison d'être de notre travail et tout le monde est désireux d'avoir un impact.

Andy de Jong, cofondateur de Paleo

Depuis 2020, vous avez déjà accompli beaucoup de choses. Quels sont vos projets pour l'avenir ?

J'ai déjà mentionné que notre objectif était de maximiser l'impact. Pour nous, cela signifie qu'il faut d'abord se développer et passer rapidement à l'échelle supérieure. Et le potentiel ne manque pas. Certes, nous ne parviendrons pas à convaincre d'abord les mangeurs de viande invétérés, alors que les vrais végétariens sont déjà convaincus. Mais entre ces deux groupes se trouve un immense public cible. Il s'agit des personnes qui aiment manger de la viande mais qui sont conscientes que les choses doivent être différentes. Et qui sont donc prêts à adapter, au moins partiellement, leur alimentation.

Paléo, en somme, amène la biotechnologie dans nos assiettes?

Absolument. Actuellement, l'industrie alimentaire a un impact énorme sur les animaux et sur notre planète. La technologie que nous avons développée peut apporter un changement crucial à notre régime alimentaire sans sacrifier le goût.
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