07.11.20256 min
Meet the CEOs @ Composil. Tapis rouge pour l'économie circulaire
Le 6 novembre, Degroof Petercam a organisé son Meet the CEOs, un événement dédié aux chefs d'entreprise, à Wavre au sein des installations de Composil. Interview de son CEO Jean Minne.
Qu'est-ce qui vous a donné le déclic pour entreprendre ?
J'ai toujours eu l'envie d'entreprendre – pas forcément en créant "from scratch", mais en prenant des responsabilités, en dirigeant des équipes, en gérant un projet de A à Z.
Après mes études d'ingénieur de gestion, j'ai choisi Decathlon plutôt que les big 4 ou la banque. Pourquoi ? Parce que dès le premier jour, je pouvais avoir mon propre P&L, une équipe, et surtout apprendre en mettant les mains dans le cambouis. Le management chez Decathlon, la philosophie RH, la culture de terrain m'ont marqué à vie.
J'ai toujours aimé fonctionner par étapes, marche après marche. Que ce soit en tant que président du Cercle Solvay après avoir commencé simple délégué "sandwich", ou chez Decathlon en ouvrant le magasin de Wavre avec 250 personnes à recruter et toute une aventure entrepreneuriale à bâtir de zéro.
Puis est venu Composil : d'abord au Luxembourg, sur la demande d'un ami de fac, puis quelques mois plus tard, l'opportunité de racheter la maison mère. Là, ça a été un no brainer. Je savais que c'était ma voie : passer de l'entrepreneuriat salarié à l'entrepreneuriat propriétaire, par le reprenariat.
En résumé : le déclic n'a pas été une illumination soudaine, mais une suite logique nourrie par deux étapes clés : Decathlon et le rachat de Composil.
Comment est née l'idée de votre entreprise, et comment a-t-elle évolué depuis ?
Au moment du rachat en 2013, Composil est déjà une société établie en Belgique depuis 1992.
Depuis 1992, elle était spécialisée dans le nettoyage et l'entretien de moquettes de bureau avec une méthodologie certifiée par les plus grands fabricants.
Très vite, j'ai voulu donner de l'ampleur :
- 2015, ouverture en Île-de-France.
- 2017, rachat de notre partenaire historique en Flandre pour un maillage national.
Puis le covid est arrivé. Et là, coup de massue : nos clients étant des bureaux et hôtels, du jour au lendemain, l'activité s'est arrêtée. Pour la première fois, je me retrouvais avec des collaborateurs qui me demandaient s'ils auraient encore un job le lendemain. Ça a été un choc, mais aussi un moment charnière.
Au lieu de subir, on a repensé notre vision. On a décidé de placer la durabilité au cœur. Résultat : en plus de l'entretien, nous avons créé la première filière structurée de réemploi et de recyclage de dalles de moquette en Europe.
Aujourd'hui, Composil n'est plus seulement une société de services, c'est un acteur circulaire : on prolonge la durée de vie des matériaux, on évite des milliers de tonnes de CO₂, on crée un modèle qui inspire tout un secteur.
Quels ont été vos plus grands défis à surmonter pour faire grandir votre entreprise ?
- Financement : après le covid, il a fallu continuer à investir alors que le marché s'était figé, surtout que c'était le moment où nous lancions notre ReUse/Recycle. Il a fallu être inventif.
- Recrutement : attirer des talents dans un secteur perçu comme "traditionnel" et « non sexy » n'est pas simple. On a dû montrer qu'on ne vendait pas juste un service, mais qu'on menait une révolution circulaire.
- Eduquer et convaincre le marché : le réemploi de moquettes, ce n'est pas « évident " au premier abord. Il a fallu beaucoup de pédagogie pour transformer un déchet en ressource et créer une valeur tangible pour nos clients.
Comment on a surmonté ça ?
- En étant résilients.
- En mesurant et en prouvant notre impact (CO₂, eau, emplois).
- En créant un vrai écosystème de partenaires pour porter le projet avec nous.
- En rendant une activité « boring » et « non sexy » en une activité pleine de sens pour nos collaborateurs et nos stakeholders.
Quelles sont les erreurs que vous avez faites et que vous ne referiez plus ?
Quand j'ai repris la société à 27 ans, il y a certainement des choses que je ferais différemment.
Notamment, j'aurais dû être plus rapidement incisif sur l'équipe de bureau en place avec qui ce n'était pas facile de travailler. S'entourer de bonnes personnes c'est essentiel pour faire avancer le projet.
En reprenant une société qui fonctionne très bien, il est tentant de rester dans le « on a toujours fait comme cela » et se mettre œillères.
Je vois bien aujourd'hui avec la vision que nous avons, que la plupart des barrières mentales tombent.
Ce n'est pas parce que nous sommes dans une niche, que nous ne devons pas nous remettre en question, innover ou s'assumer beaucoup plus.
Quels conseils de gestion donneriez-vous à un start-upper qui débute ?
En matière de priorisation, d'équipe, de cash-flow, de stratégie… Quels principes vous guident au quotidien ? J'entends encore trop souvent des plus jeunes qui se lancent par attrait du « statut » d'entrepreneur. Dans les discussions, je sens qu'ils ne sont pas toujours prêts à :
- Se payer peu au début
- Travailler 7/7
- Assumer le poids des responsabilités.
- …
Quel que soit le secteur dans lequel la société évolue, les problématiques et opportunités dans la gestion de la société sont très similaires.
Je dirais que c'est la vision de l'entrepreneur et sa capacité à s'entourer d'une bonne équipe et de bons partenaires qui fera la différence.
L'alignement des associés et collaborateurs à cette vision est essentielle. Travailler de manière régulière cet alignement facilitera l'atteinte des objectifs.
Pour terminer, la constitution et l'entretien de son réseau est également essentiel au développement de ses activités.
Quelle est votre vision pour l'avenir de votre entreprise ?
Dans 3 à 5 ans, je vois Composil :
- Nous sommes présents en Belgique, France, Luxembourg, Suisse, Allemagne, Autriche, Suède et nous voulons continuer à nous étendre dans plusieurs pays d'Europe via un modèle hybride (filiales, franchises, joint-ventures).
- Reconnu comme leader européen du Use – ReUse – Recycle dans la moquette de bureau.
- Avec le Composil Circular Hub en Belgique comme vitrine et plateforme de formation.
- Et surtout : avec un impact mesuré, visible, transparent. Chaque m² que nous sauvons, ce sont des tonnes de CO₂ en moins.
L'ambition est claire : changer la norme. Que demain, jeter une dalle de moquette devienne aberrant.
Quel rôle votre entreprise joue-t-elle (ou souhaite-t-elle jouer) dans la société ?
Composil, c'est une entreprise, mais surtout une solution :
- Environnementale : réduire l'empreinte carbone, préserver l'eau, prolonger la durée de vie des ressources.
- Sociale : créer des emplois non délocalisables, collaborer avec des ETA/ESAT, donner une seconde vie aux matériaux mais aussi aux personnes éloignées du marché du travail.
- Éthique : prouver qu'on peut être rentable en étant durable.
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