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Monthly Market News juin 2022 – Tendances sur les marchés

Alexandre Gauthy - Economist
Au cours du premier semestre 2022, les actions et les obligations ont affiché des performances fortement négatives. Le mois de juin n'a pas davantage apporté d'amélioration.

Notre expert, Alexandre Gauthy, analyse les tendances sur les marchés en juin 2022.

Marchés d’actions : semestre, trimestre et mois de juin insuffisants

Le premier semestre de 2022 restera dans l'histoire comme le pire depuis cinq décennies. La guerre en Ukraine et les risques pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe, la hausse de l'inflation et les conséquences pour la politique monétaire, ainsi que le ralentissement de la croissance en Chine en raison de la persistance de la politique zéro-Covid sont les sujets qui ont inquiété les marchés. L'incertitude entourant ces thèmes a provoqué d'importantes fluctuations quotidiennes des prix, tant à la baisse qu'à la hausse. Tous les secteurs ont enregistré une performance négative au premier semestre, à l'exception de l'énergie.

La tendance négative s'est poursuivie en juin. Le mois dernier a été dominé par les mesures drastiques prises par les banques centrales pour garder l'inflation sous contrôle. Chaque chiffre économique publié est interprété en fonction de ce qu'il peut signifier pour la politique monétaire.

Géographiquement, le marché boursier américain a fait moins bien en monnaie locale que le marché européen en juin, mais grâce à la hausse du dollar, le marché boursier européen est resté le moins performant en euro. Les marchés émergents asiatiques se sont relativement bien comportés, le marché boursier chinois affichant même une performance positive sur le mois grâce à l'amélioration de la situation sanitaire. Les marchés boursiers d'Amérique latine ont sous-performé en raison de la chute du prix des matières premières. Aux États-Unis, les actions "value" et "croissance" ont enregistré des performances assez similaires, tandis qu'en Europe, les actions "croissance" se sont légèrement mieux comportées, reflétant peut-être le changement de tendance des taux d'intérêt.
Marchés d’actionsJuin3 moisDepuis 31/1212 mois
MSCI EMU NR-9.2%-10.5%-18.7%-13.8%
MSCI EUROPE NR-7.7%-9.0%-13.8%-6.5%
MSCI USA NR-6.1%-11.5%-14.4%-1.5%
MSCI JAPAN NR-5.6%-9.1%-13.3%-9.2%
MSCI EM. MARKETS NR-4.3%-5.8%-10.4%-15.2%
MSCI AC WORLD NR-6.2%-10.2%-13.2%-4.4%
Performances en EUR au 30/06/2022 Source : Bloomberg

Marchés obligataires : forte hausse des taux d'intérêt au premier semestre, un tournant en juin ?

Les rendements obligataires ont fortement augmenté au cours des six derniers mois. Il y a à peine six mois, le rendement allemand à 10 ans était encore de -0,18 %, contre 1,75 % à la mi-juin. Les rendements à dix ans des États-Unis sont passés de 1,5 % à 3,5 % au cours de la même période. La hausse des taux d'intérêt nominaux est entièrement attribuée à la hausse des taux d'intérêt réels.

Au cours de la première moitié du mois de juin, la tendance à la hausse des taux d'intérêt s'est poursuivie, mais les taux ont ensuite fortement baissé (pour atteindre 3 % aux États-Unis et 1,35 % en Allemagne). Ce n'est peut-être pas une coïncidence si ce revirement a coïncidé avec l'annonce par la Réserve fédérale d'une hausse des taux d'intérêt plus importante que prévu. Les investisseurs ont ainsi pris conscience du scénario d'un resserrement excessif de la politique monétaire et du risque accru de récession.

Dans la zone euro, les spreads obligataires des pays du sud de la zone euro ont poursuivi leur tendance à la hausse à un rythme accéléré. Le spread des obligations italiennes s'est élargi à près de 250 points de base à la mi-juin, contre 100 points de base il y a un an. Lors d'une réunion ad-hoc, la BCE est parvenue à apaiser les tensions, ce qui a permis aux écarts de taux de revenir aux niveaux observés au début du mois.

Les spreads des obligations d'entreprises (tant pour les obligations de qualité que pour les obligations à haut rendement) en euro se sont considérablement écartés au cours des six derniers mois. Alors qu'au premier trimestre, il s'agissait principalement de l'expression de l'aversion au risque des investisseurs en raison du début de la guerre en Ukraine, au deuxième trimestre, il s'agissait surtout de l'environnement plus difficile pour les entreprises en raison de la hausse des coûts d'exploitation et de financement et de la croissance économique incertaine.
Taux gouvernementaux 10 ansActuelJuin3 moisDepuis 31/12
Belgique2.010.300.981.83
France1.920.280.941.72
Allemagne1.340.210.791.51
Italie3.260.151.232.09
Grèce3.620.040.942.28
Espagne2.420.200.991.86
Etats-Unis3.010.170.671.50
Japon0.23-0.010.010.16
Evolution jusqu'au 30/06/2022Source : Bloomberg

Banques centrales : la politique monétaire domine les marchés

La Réserve fédérale a relevé son taux d'intérêt directeur de 0,75 % comme prévu en juin, ce qui constitue la plus forte hausse de taux aux États-Unis depuis 1994. À la suite de cette augmentation, les taux d'intérêt à court terme évoluent désormais dans une fourchette de 1,50 % à 1,75 %. Parallèlement à la forte hausse des taux, la Fed s'est engagée plus fermement à ce que la banque centrale ramène l'inflation à son objectif de 2 %.

À la mi-juin, la Banque centrale suisse a surpris en augmentant les taux d'intérêt de 50 points de base (pour la première fois en 15 ans). Les marchés s'attendaient à ce que la BNS suive le mouvement de la BCE. Même si l'inflation est actuellement très faible ("seulement" 2,9 %), la BNS montre sa volonté d'agir pour contenir les risques d'inflation. Comme prévu, la banque centrale suédoise a relevé son taux d'intérêt de 50 points de base pour le porter à 0,75 %. Il s'agit de la troisième hausse des taux dans ce cycle et d'autres hausses sont attendues. La Banque d'Angleterre a procédé à la cinquième hausse des taux d'intérêt au Royaume-Uni depuis décembre.

La Banque centrale européenne a annoncé comme prévu une hausse des taux en juillet, peut-être de 50 points de base, et la fin du programme d'achat d'obligations le 1er juillet. En raison de l'augmentation des spreads obligataires des pays du sud de la zone euro, la BCE a également tenu une réunion non programmée. Il a été décidé d'appliquer une certaine flexibilité dans le réinvestissement des obligations arrivant à échéance dans le bilan de la BCE. Cela signifie que, par exemple, les obligations arrivant à échéance des pays du Nord peuvent être réinvesties dans des obligations italiennes. En outre, il a été décidé de finaliser d'urgence le développement d'un nouvel instrument anti-fragmentation.
Tarif Banque centraleActuelDernier mouvementDate
Fed funds1.5-1.75%+0.75%Juni 2022
BCE taux de dépôt-0.50%-0.10%Déc. 2021
Situation au 30/06/2022 Source : Bloomberg

Devises : Le franc suisse a la même valeur que l'euro

La reprise de l'euro en mai a été de courte durée et a été complètement effacée en juin. Les risques accrus de récession dans la zone euro ont pesé sur la devise.

Le franc suisse a dépassé la parité avec l'euro en juin à la suite du relèvement surprise des taux d'intérêt par la banque centrale suisse. C'est la première fois depuis début 2015 que la monnaie suisse s'aligne sur l'euro, lorsque la BNS avait décidé de manière inattendue de desserrer son ancrage à l'euro.

Le yen japonais continue de s'affaiblir. Par rapport au dollar, le yen a atteint son plus bas niveau depuis plusieurs décennies. La baisse du yen par rapport au dollar reste largement fonction de la différence de politique monétaire entre deux pays, la Banque du Japon maintenant sa politique monétaire accommodante au travers de la fixation du taux à 10 ans proche de 0 %.
DevisesActuelJuin3 moisDepuis 31/12
USD1.0482.3%5.4%7.8%
GBP0.861-1.2%-2.1%-2.3%
JPY142.22-3.1%-5.6%-8.6%
CHF1.0002.8%2.2%3.6%
Evolution par rapport à I'EUR jusqu'au 30/06/2022 Source : Bloomberg

Matières premières : la crainte croissante d’une récession fait baisser les prix

Les prix des matières premières ont généralement baissé au cours du mois dernier. Cela est dû au risque de récession, qui a été accru par (la perspective de) taux d'intérêt plus élevés. L'impact a été le plus visible sur les prix des métaux industriels, qui ont chuté de plus de 10 % (en dollars) en juin. Les prix du cuivre, de l'aluminium, du zinc et du nickel ont chuté de 10 à 20 % au cours du mois, malgré la stabilisation de l'activité économique en Chine. Par conséquent, le prix des métaux industriels est en baisse depuis le début de l'année.

La crainte de récession - et la baisse de la demande qui en résulterait - s'est également répercutée sur le prix du pétrole, bien que dans une mesure plus limitée. Le prix a fluctué entre 110 et 125 USD par baril et reste dans l'ensemble proche de ses récents sommets. Au début du mois, l'OPEP a augmenté sa production plus (650 000 barils par jour) que ce qui était prévu (400 000 barils) selon la trajectoire de normalisation de la production post-pandémie. Dans la pratique, cependant, l'OPEP+ produit moins que ce que l'objectif de production ne le permet. En effet, il semblerait que certains pays, dont l’Arabie Saoudite, n’aient pas ou peu de capacité supplémentaire de production. Le prix du gaz européen a augmenté assez fortement après deux mois de stabilité en raison de la baisse des livraisons de gaz russe à l'Europe.

Le prix de l'or a quelque peu baissé, mais est resté au-dessus de 1 800 USD l'once. Les taux d'intérêt réels ont encore augmenté, mais cela n’a pas trop impacté le métal jaune étant donné les risques géopolitiques qui demeurent.
Matières premièresActuelJuin3 moisDepuis 31/12
Matières premières (GSCI)709.23-9.8%-2.1%26.4%
Pétrole (Brent)114.81-6.5%6.4%47.6%
Or1809.95-2.2%-7.5%-1.2%
Evolution ie EUR jusqu'au 30/06/2022 Source : Bloomberg
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