19.10.20234 min
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Stûv: Le feu sacré depuis 40 ans
A l’occasion de notre événement portant sur le thème « Comment adapter la gestion de son entreprise aux nouveaux enjeux climatiques ? », nous avons rencontré Jean-François Sidler, CEO d’un des leaders mondiaux dans les technologies de combustion du bois et du pellet. Depuis plus de 40 ans, Stûv - poêle à bois en wallon - propose des modèles fonctionnels et performants au design unique, offrant des technologies toujours plus propres.
En quoi la dimension durable est-elle importante pour Stûv ? Faisait-elle partie de votre démarche initiale dès le départ ?
On peut dire qu’on est tombés dedans quand on était petits : il y a 40 ans, Gérard Pitance (cofondateur de Stûv), designer industriel, refusait de se chauffer au gaz et au mazout, ayant vécu les crises pétrolières. C’est en cherchant en vain un modèle de poêle à bois pour sa maison qu’il décida finalement de dessiner son propre modèle et de le faire fabriquer. Après avoir gagné un prix dans une foire de design, il choisit de le faire commercialiser. Stûv était né. Cette volonté de se chauffer avec une solution durable était donc présente depuis le début.
Votre force, c’est d’être aussi un acteur local.
Avec trois usines en Belgique, Stûv a toujours développé ses activités localement. Lors de la crise du Covid, nous avons gardé des délais normaux, parce que tout était produit localement et que 90 % de nos fournisseurs étaient dans un rayon de 300 km. Et c’est là qu’être – et rester – un acteur industriel local redevient une force. Notre stratégie, c’est de poursuivre ces investissements d’industrialisation, toujours avec ce principe d’économie locale qui favorise les circuits courts. C’est pourquoi nous avons créé notre propre filiale au Canada pour fabriquer localement en Amérique du Nord.
Se chauffer au bois comporte de nombreux atouts, mais son utilisation est parfois décriée à cause des problèmes de CO2. Que répondez-vous à cela ?
En plus d’être une source d’énergie locale, ce que peu de gens savent, c’est que le cycle du CO2 du bois énergie est neutre : le seul CO2 émis lors de la combustion, c’est le CO2 de ce que la forêt a capté. La majorité du CO2 capté reste dans les planches, les charpentes et le parquet issus des arbres qui sont récoltés dans le cadre d’une bonne gestion forestière. En revanche, le bois humide et une combustion incomplète vont émettre des particules fines et altérer la qualité de l’air. C’est pourquoi nous développons de nouvelles technologies pour améliorer l’hygiène de combustion. Nos poêles à pellets offrent une combustion quasi parfaite. Pour nos poêles à bois, nous avons mis au point avec l’université de Namur un filtre catalytique qui élimine la quasi-totalité des émissions potentiellement nocives.
La première énergie renouvelable en Europe, ce sont les poêles à bois et les poêles à pellets
Pourquoi est-ce si important de bien gérer les forêts ?
Pour avoir des forêts qui grandissent et qui captent du CO2, il faut qu’elles soient gérées durablement. Et c’est le cas de l’Europe, qui est très stricte sur la gestion de ses forêts. Pour avoir une bonne gestion forestière, il faut pouvoir faire de la place aux arbres prometteurs pour lui permettre de s’étendre. Grâce à cette gestion régulière et intelligente, les surfaces forestières en Europe ne font que progresser depuis 200 ans. Or, une forêt auto-gérée, ce sont des arbres morts qui laissent s’échapper du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Autant le stocker dans les planches et les sous-produits (la sciure devient des pellets et les branchages deviennent du bois énergie). C’est un principe d’économie circulaire sur le combustible.
La filière sylvicole a récemment « gagné » contre la directive européenne qui remettait en question le caractère renouvelable du bois énergie. De quoi s’agissait-il ?
Cette directive (Renewable Energy Directive) a finalement confirmé que le bois énergie est une énergie renouvelable sous certaines conditions, comme une bonne gestion forestière – évoquée ci-avant – et une utilisation en cascade du bois : le bois récolté lors de l’exploitation doit d’abord servir à faire des meubles ou des charpentes pour stocker le CO2 et lorsqu’on a épuisé ces utilisations du bois, on peut utiliser le bois énergie. Ces règles étaient déjà respectées en Europe, mais cette directive donne un cadre et impose une traçabilité qui permet de pérenniser le secteur.
En matière de transition énergétique, les plus belles années sont à venir.
Qui sont vos concurrents directs en Europe ?
C’est un marché assez fragmenté, en fonction des catégories de produits et des segments. Les fabricants italiens avaient déjà pris de l’avance sur le marché des poêles à pellets, car les énergies fossiles étant très taxées en Italie, le combustible à pellets était utilisé pour chauffer les maisons à titre principal. On s’est donc imposés sur ce marché en proposant des technologies plus propres et des designs plus esthétiques. Sur le marché du poêle à bois, ce sont les pays nordiques qui combinent esthétique et performance. Autre source de concurrence : les Allemands et les Hollandais pour les inserts.
En juin dernier, vous fêtiez vos 40 ans d’existence. Quel bilan tirez-vous de votre parcours ?
L’entreprise est très cohérente depuis le début. Nous avons fait preuve beaucoup de résilience, en réussissant à traverser les nombreuses crises (financière en 2008, Covid, flambée des prix et des matières premières). Nous avons montré que nous étions solides en transformant ces crises en opportunités : nous avons doublé de taille ces deux dernières années tout en continuant notre expansion, comme le Canada. Fidèles à nos convictions depuis 40 ans, notre motivation première est intacte : continuer à innover et à chercher des solutions innovantes et personnalisées parce qu’elles ont du sens pour nos clients avant tout.
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