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Monthly House View octobre 2025 : Obligations d'entreprises : des rendements encore attractifs

Bernard Lalière - Head of Credit, DPAM

Les spreads de crédit, bien que bas, offrent encore des rendements attractifs (3 % à 7 %). Les fondamentaux solides des entreprises et des taux de recouvrement élevés limitent le risque. Avec des indices de meilleure qualité et des flux d'investissements importants, les obligations d'entreprise restent une opportunité intéressante dans un portefeuille diversifié.

Des spreads au plus bas : un signal d'alerte ou une opportunité ?

Les spreads de crédit observables sur le marché de la dette d'entreprise aussi bien aux États-Unis qu'en Europe se sont fortement rétrécis, au point d'atteindre des niveaux qui n'ont plus été observés depuis de nombreuses années. Ainsi, en Europe, les spreads des obligations de qualité (investment gradeinvestment grade) sont inférieurs à 80 points de base (soit 0,9%), un niveau qui n'avait plus été observé depuis 2021. De leur côté, les spreads des obligations à haut rendement (high yieldhigh yield) s'affichent à un niveau de 270 points de base soit un niveau observé la dernière fois en 2017. La situation n'est pas très différente aux États-Unis, avec des spreads investment grade autour de 75 pb et des spreads high yield à 270 pb.

Cela signifie-t-il que les plus bas niveaux ont été atteints ?

Notons d'abord que si les spreads sont bas, les rendements globaux offerts sur la dette d'entreprise restent attractifs. Les investisseurs qui ajoutent des titres de crédit à leur portefeuille bénéficient d'un rendement d'environ 3 % pour les titres investment grade en euros (dont 0,8 % de spreadspread), et même de 4,5 % pour les titres à haut rendement européens (dont 2,7 % de spread). En dollar, les rendements globaux sont respectivement de 5 % (dont 0,8 % de spread) et 7 % (dont 2,7 % de spread). Un portefeuille de crédit bien diversifié contribuera donc à améliorer les rendements, même si la rémunération supérieure à celle des obligations souveraines peut sembler faible. Compte tenu de ce rendement, un certain élargissement des spreads n'aura pas d'impact majeur sur le rendement obtenu. En outre, les baisses futures de taux directeurs opérées par les banques centrales devraient faire baisser les niveaux de rendements globaux offerts sur les obligations d'entreprises. Il reste donc encore de la valeur à saisir.

Des fondamentaux d'entreprise rassurants

Deux éléments nous font penser que les spreads de crédit ne seraient pas sur le point de s'élargir. Tout d'abord, les fondamentaux des entreprises restent assez solides, particulièrement en Europe. Les positions de trésorerie ont augmenté et les ratios d'endettement sont restés relativement faibles. Les dirigeants d'entreprises ont appris à naviguer dans des périodes difficiles au cours des dernières années, telles que la pandémie de COVID-19 en 2020 ou encore la période d'inflation en 2022, suivie du cycle rapide de hausse des taux par les banques centrales, et ont institutionnalisé une gestion des bilans prudente. Nous estimons aussi que, pour l'instant, les bilans de nombreuses entreprises sont en meilleure santé que les finances de nombreux gouvernements des marchés développés.

Des multiples leviers de financement à disposition

Les entreprises disposent de nombreux moyens pour financer leurs activités. Elles ne se tournent pas uniquement vers le marché obligataire, mais peuvent également recourir au canal bancaire, qui leur est largement ouvert. De plus, les transactions sont de plus en plus financées sur les marchés du crédit privé, qui a connu une forte croissance aux États-Unis au cours de la dernière décennie et a probablement dépassé le volume du marché américain des titres à haut rendement. Initialement utilisé principalement pour les petites entreprises, ce mode de financement s'est généralisé et les grandes entreprises peuvent également faire appel à ce marché pour des montants supérieurs à 1 milliard de dollars/euros.

Une amélioration notable de la qualité des indices

La qualité des indices à haut rendement, par exemple, s'est considérablement améliorée au fil du temps. En Europe, en juillet 2025, l'indice était composé à 70 % d'obligations notées BB, le reste étant composé de titres moins bien notés. En revanche, en mai 2007, lorsque les spreads des obligations à haut rendement européennes étaient à leur plus bas niveau historique soit 186 pb, l'indice n'était composé que de 40 % d'obligations notées BB.

Défauts de paiement : un risque contenu ?

Cette question revient souvent, en particulier pour les investisseurs à haut rendement. En Europe, les défauts de paiement sur les douze derniers mois semblaient assez élevés (près de 4 %). Cela s'explique par un certain nombre de restructurations de grandes capitalisations au cours de cette période (notamment SFR et Atos). Cependant, ce chiffre devrait baisser au cours des prochains mois. Plus important encore, les taux de recouvrement, c'est-à-dire ce que reçoit le détenteur d'obligations en cas de défaut de paiement, ont été historiquement élevés. Le taux de perte global a donc été assez faible, à 1 %.

Le crédit reste une source de valeur

Dans l'ensemble, les investisseurs en quête de rendement ont fortement investi dans le crédit, tant dans les titres investment grade que dans les titres à haut rendement, depuis le début de l'année. Les flux vers ces catégories ont été importants, malgré les turbulences tarifaires, les problèmes géopolitiques et les gros titres sur l'inflation. Compte tenu des éléments évoqués, il est manifeste qu'il reste encore de la valeur à saisir dans le cadre d'un portefeuille diversifié.
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