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Jean-Michel Carlier (Carlier Bois) : « A Suarlée, on a pu imaginer l’entreprise idéale »-hero

Jean-Michel Carlier (Carlier Bois) : « A Suarlée, on a pu imaginer l’entreprise idéale »

Degroof Petercam - Marketing & Communication Specialist
Depuis 1933, Carlier Bois fait partie des meubles à Namur. Depuis janvier 2022, l’entreprise familiale a déménagé en partie à Suarlée pour le confort de ses clients et de ses collaborateurs. Contrairement au bois qui se patine avec le temps, l’optimisme et la détermination de Jean-Michel Carlier, administrateur délégué, semblent intacts après 30 ans de métier. Toucher du bois tous les jours aide certainement un peu !

Comment le marché du bois a-t-il évolué ces 20 dernières années ? Quelles grandes tendances avez-vous observé depuis le début de votre carrière ?

On sait que la mode se démode, mais depuis que j’ai commencé en 1993, je constate que le bois a le vent en poupe et connaît une évolution importante et favorable. Auparavant, le bois était considéré comme luxueux et le parquet difficile à entretenir. Ensuite, dans les années 70-80, la tendance était au tapis plein, mais dans les années 90, le parquet a repris une grande part de marché, sans doute parce qu’on a trouvé des parquets avec des finitions plus résistantes et plus aisées à entretenir. On a vu aussi une explosion dans l’ossature bois, grâce notamment au salon Bois et Habitat. Les constructions en bois tournent autour de 15 %, et même davantage en termes de rénovation. Très léger, le bois nécessite peu de fondations. Les terrasses en bois ont connu aussi un essor important. C’est en effet un matériau qui fait bien la jonction entre l’intérieur et l’extérieur. Ces dernières années, c’est le bardage extérieur et les panneaux de façade (que nous distribuons) qui connaissent un vif intérêt. En résumé, le marché du bois – sous toutes ses formes – s’est plutôt bien comporté au fil du temps.

Où vous fournissez-vous ?

Les grandes scieries (bois de construction) se trouvent plutôt dans le nord de l’Europe (Finlande, Suède). Les autres grands producteurs de bois sont le Canada (où le bois est acheminé par bateau) et la Russie, qui pose problème pour l’instant. Les bois de menuiserie viennent plutôt d’Asie ou d’Amérique du Sud (bois tropical). Je crois que les gens aiment le bois parce que c’est un produit naturel, chaleureux et renouvelable. Il est écologique car il absorbe le CO2 lors de sa croissance mais il doit être géré de façon durable, c’est-à-dire qu’il faut veiller à replanter les mêmes volumes que ceux qui ont été prélevés.

Le thème de notre événement Meet the CEO porte sur l’augmentation du prix des matières premières. Quelles solutions mettez-vous en place pour vous adapter à la situation actuelle ?

Pendant la pandémie (qui a duré 15 mois pour nous, de mars 2020 à juin 2021), on a connu une période très intense que je ne voudrais pas revivre. Même si ce fut une bonne période en termes de chiffre d’affaires et de bilan, ça a été éreintant pour tout le personnel. L’excès nuit en tout. Ce fut long, il y a eu une demande très importante couplée à des problèmes d’approvisionnement et de personnel (maladie, épuisement, etc.). Tout le monde s’est retrouvé confiné et s’est rué dans les magasins de bricolage, négociant de matériaux en bois… et les prix ont augmenté dans des proportions jamais vues. Par exemple, les panneaux OSB (à copeaux orientés) ont vu leur prix multiplié par trois. Les Américains ont acheté massivement des panneaux et ont tout raflé. Résultat : les clients ont voulu anticiper davantage, ce qui a créé un effet de rareté. A la suite de la guerre en Ukraine, on a assisté à une rehausse. Depuis lors, même s’ils n’atteindront probablement plus ceux d’avant la pandémie, les prix sont revenus à un niveau correct. Il y a eu un effet de rattrapage, puisque le prix des panneaux et des bois n’avait pas vraiment augmenté en vingt ans. C’est un rééquilibrage naturel, que je trouve normal et sain.

Quel regard posez-vous sur votre secteur ?

Je reste positif parce que la construction est un secteur important, la population belge continue à croître et les besoins de logements sont toujours plus nombreux. De plus, les bâtiments ne sont pas tous suffisamment isolés, et devront donc être rénovés. Ces prochains mois, je pense que l’on travaillera davantage en rénovation qu’en construction neuve car il est actuellement impossible de déterminer le prix d’une maison au terme de sa construction (12 à 18 mois de durée de construction).

Une étude de Degroof Petercam montre que les entreprises familiales cotées en bourse ont généralement de meilleures performances que les autres entreprises. Etes-vous tenté par une entrée en Bourse ?

Notre croissance est une croissance réelle et linéaire, que j’ai pu gérer au fur et à mesure. Quand on souhaite garder une entreprise dans le giron familial, on essaie que sa croissance soit contrôlée, on n’a pas envie de perdre cette indépendance. Et c’est mon cas. Lorsqu’on est indépendant, on va dépenser plus, mais moins à long terme. Chaque centime est dépensé à bon escient. Une entreprise familiale demande beaucoup d’investissement. Il faut être présent sur le terrain et être attentif à tous les signaux car le moindre petit grain de sable peut venir gripper la machine à long terme.

Vous êtes de la troisième génération Carlier. Était-ce une décision naturelle de rejoindre l’entreprise familiale ?

En ce qui me concerne, ça s’est fait assez naturellement. Ce qui m’attirait le plus, ce n’était peut-être pas le secteur, mais de gérer une entreprise et d’être indépendant. J’ai aujourd’hui 55 ans et j’ignore encore s’il y aura une quatrième génération. Je ne souhaite pas mettre de pression sur mes enfants. En ce qui concerne la transmission, mon père a géré cela en bon père de famille. C’est un processus juridique… et aussi affectif. C’est important de garder la paix dans les familles, et je ne voulais surtout rien brusquer. La Banque Degroof nous a d’ailleurs conseillés au moment de la transmission à la troisième génération dans les années 90. On dit que la première génération fonde, la deuxième développe et la troisième dilapide. Cela n’a donc pas si mal tourné. Pourvu que ça dure ! Je touche du bois… tous les jours (rires).

Vous êtes une entreprise familiale depuis 1933. A quoi attribuez-vous la longévité de votre entreprise ?

On essaie de se différencier lors du recrutement : on prend le temps qu’il faut pour trouver les bonnes personnes. Il faut minimum deux ans de formation intensive. On cherche la stabilité. Il y a une directrice des ressources humaines depuis cet été qui m’aide grandement. Dans les entreprises familiales et les PME, c’est plutôt rare. Une part de notre succès tient au temps que l’on consacre à l’entreprise.

Quel est le meilleur conseil professionnel qu’on vous ait donné ?

L’importance de bien s’entourer. Professionnaliser le management afin que tout ne repose pas sur un seul homme. Quand on a tous les pouvoirs, on peut vite devenir un « dictateur » et s’isoler représente un danger. Savoir écouter ses collaborateurs est primordial. Il est bon aussi d’avoir un regard de l’extérieur. Chaque année, je me fais challenger par trois consultants. Sans ce « conseil des sages », je n’aurais pas le recul nécessaire pour exercer ma fonction comme je le fais aujourd’hui.

Si j’ai déménagé à Suarlée, c’était pour offrir plus de confort et un meilleur accueil pour nos clients et pour notre personnel.

Avec quatre hectares et des murs de 12 m de hauteur, on a pu imaginer l’entreprise idéale.

Jean-Michel Carlier (Carlier Bois)
Jean-Michel Carlier-(Carlier Bois)-A-Suarlée,-on-a-pu-imaginer-l’entreprise-idéale-image

Carlier Bois, c’est :

  • Un magasin libre-service de 3.000 m2 et un drive-in à Namur.
  • Un Espace pro à Suarlée avec cinq halls pour les ateliers et le stockage (15.000 m2 couverts) ainsi qu’une salle d’exposition pour les produits de décoration.
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