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Charles Pépin : « Changer le monde, un pas à la fois »

Degroof Petercam - Marketing & Communication Specialist
Lorsqu’un philosophe (Charles Pépin) et deux entrepreneurs sociaux (Emilie Schmitt d’Activ’Action et Matthieu Dardaillon de Ticket for Change) se rencontrent, de quoi parlent-ils ?

Joie, courage, échec, réussite : tour d’horizon des thèmes abordés lors de notre soirée « Changer le monde ». Des petites leçons philosophiques de savoir-vivre et d’optimisme qui s’appliquent aux entrepreneurs… et à tout un chacun.

L’art de la rencontre

Qu’est-ce que cette rencontre avec les entrepreneurs a provoqué chez Charles Pépin ? « Lorsque je fais une conférence, seul ou pas, je cherche de nouvelles idées et de nouvelles résonances. Je suis toujours un peu différent, puisque je trouve de nouveaux liens entre les idées. Une conférence, c’est pour moi le contraire d’une communication, d’un discours préétabli. J’aime que la parole produise quelque chose. La rencontre avec les deux lauréats était vraiment très intéressante, elle m’a ému, parce que c’est un terrain qui m’a beaucoup tenté : j’ai fait l’école de commerce HEC, mais j’ai choisi la philosophie après une grande hésitation. Une vraie rencontre, c’est quand cela va produire des changements effectifs et mesurables. Par exemple, ce serait de mettre Matthieu (Ticket for Change) en relation avec des chefs d’entreprise. Ce qui compte dans la rencontre, c’est ce qui produit des conséquences sur la durée. De s’enrichir sur la durée. C’est aussi passionnant de réinventer que de vivre la durée. C’est une réinvention. C’est ce que j’appelle la rencontre continuée ».

Des joies

Faut-il de la joie pour entreprendre ? « Bien sûr. Partir du réel – imparfait – pour l’améliorer sous-entend d’avoir un élan de vie, une joie ». L’auteur distingue plusieurs types de joies : « Il y a d’abord l’excitation, le moteur, l’envie. La joie vient après. Il y a une joie de créateur, d’être dans le rapport au réel et de l’améliorer. Une autre forme de joie, c’est la joie du combattant, elle va de pair avec une certaine insatisfaction, se découvrir des ressources nouvelles dans la réalité du réel. Et puis, il y a la satisfaction de la réussite, très forte ».

Confiance et action

Il faut aussi de la confiance en soi pour entreprendre. « Dans le cas d’Emilie (Activ’Action), cette confiance est venue en faisant. Dans l’action, dans la relation aux autres. Elle avait du désir et des convictions, mais aussi beaucoup de doutes et la confiance s’est tissée dans l’action. Je ne crois pas à la confiance préalable, je crois davantage en une confiance en l’action, en la vie plutôt qu’en soi. Trois dimensions s’articulent dans la confiance : dimension de confiance en soi et son ego, en les autres, et confiance en la vie, plus spirituelle ». Qu’est-ce qui empêche de se lancer ? « C’est la peur de l’échec, souvent déguisée en perfectionnisme. Et le secret de l’action, c’est d’y aller sans être prêt ! On a besoin de mini-dogmatismes pour avancer ».

Faire émerger les idées

Dans le cas d’Emilie (Activ’Action), elle a créé quelque chose qui lui manquait (« ce qu’il me faudrait n’existe pas »). Elle a modélisé son emploi. Et paradoxalement, c’est le chômage qui a été une opportunité. Pour le philosophe, « Le chômage a été une fenêtre sur une opportunité qui s’est ouverte. Le désœuvrement est une disponibilité : il y a des idées qu’on ne pourrait pas avoir si on n’avait pas de moment de désœuvrement. Tous les artistes le savent, un moment d’abattement crée une idée. S’il n’y a pas d’espace pour les idées, elles n’émergeront pas. Les idées émergent du mouvement, comme la marche qui met en marche la mécanique de la pensée. Quelqu’un qui cherche une idée ne la trouve pas, elle n’y pense plus, va marcher, va nager et tout à coup, l’idée surgit. Le relâchement aussi peut aider : arrêter de chercher peut également faire émerger les idées. Et enfin, cesser de vouloir : la cessation de la volonté qui laisse de la place à autre chose, qui produit son résultat après l’insistance du vouloir. Fluidité qui vient après la résistance du réel, après l’insistance du vouloir ».
Charles Pépin

Le sens de la nuance, c’est la vraie culture.

Charles Pépin

Et le courage dans tout ça ?

Le philosophe Jankélévitch dit : « Le courage est la vertu de tout commencement ». Qu’en pense Charles Pépin ? « Le courage est la vertu qui rend les autres vertus possibles. Par exemple, si vous voulez faire preuve d’amour, il faut du courage pour oser aimer. Le courage rend possible l’amour. Il faut aussi du courage pour aller vers l’esprit d’entreprise. C’est une vertu qui rend les autres possibles. Moi, je crois à la théorie des petits pas. Il faut du courage pour se satisfaire des petits pas. Par exemple, l’écologie. Certains vont réagir en disant « Puisque je ne peux pas tout changer, je ne change rien ». Plus facile de dire je fais tout ou rien… alors on ne fait rien ! A mon échelle, je peux changer les choses. C’est mieux que rien. Il faut sortir de la pensée binaire qui échoue à saisir le réel dans sa complexité. C’est mal, c’est bien. Voler, c’est mal. Regardez Robin des Bois pourtant. On n’a pas été éduqués à la nuance. Or, le sens de la nuance, c’est la vraie culture. Quasiment toute notre culture est dichotomique., la pensée binaire ». Mais comment fait-on pour changer ? La psychologie ou les neurosciences peuvent nous sortir de la pensée binaire. Corriger ce biais cognitif, apprendre à penser, comme l’affirme Albert Moukheiber, docteur en neurosciences et psychologue. Nous interpeller sur notre façon de réfléchir, d’apprendre et de prendre des décisions.

Le secret de la longévité, c’est de se réinventer, même après un succès. Comme s’il avait été un échec.

Charles Pépin : « Changer le monde, un pas à la fois »
Charles Pépin, Emilie Schmitt et Matthieu Dardaillon

Echec ou réussite ?

Si un écrivain connaît une belle réussite commerciale et que son livre est un best-seller, mais que les critiques littéraires n’apprécient pas, est-ce une réussite ou un échec ? De même, si un écrivain écrit un livre très authentique mais que personne ne lit ? « La vraie vie, c’est les deux. Si on comprend ça, ça va nous aider à mieux vivre les échecs, mais aussi à mieux vivre les succès, puisqu’on ne va pas se confondre avec son succès. Entrepreneur ou pas, il faut apprendre à se remettre en question quand on a du succès. C’est le secret des succès qui durent : ceux qui réussissent sur le long terme vont tout changer, comme s’ils avaient échoué… alors qu’ils ont réussi. Ce qui compte, c’est d’avoir toujours une attitude de questionnement et de créativité. De tenter quelque chose de nouveau. Ça demande du courage quand on n’a pas été élevé comme ça. Ça s’apprend. Ça devient une habitude, un réflexe de pensée, pour une vie plus intéressante, plus excitante. Quand on y prend du plaisir, ça demande moins de courage. Le vrai courage, c’est quand l’échec se répète, c’est quand on le courage de s’interroger. Se remettre en question dans le succès, ça devrait être la moindre des choses. »
Silvia Steisel, Patrick Schobbens, Emilie Schmitt, Charles Pépin, Sabine Caudron, Xavier van Campenhout et Matthieu Dardaillon.
Silvia Steisel, Patrick Schobbens, Emilie Schmitt, Charles Pépin, Sabine Caudron, Xavier van Campenhout et Matthieu Dardaillon.
Pour en savoir plus sur les lauréats de la Fondation Degroof Petercam :

Activ’Action
Vous êtes en transition professionnelle ? Participez à un atelier gratuit pour faire de la période de transition professionnelle, un moment constructif : www.activaction.org

Vous travaillez en entreprise, dans les institutions publiques ou vous êtes un acteur de l’insertion professionnelle ? Collaborez avec Activ'Action : www.activaction.co

Ticket for Change
www.ticketforchange.org

Degroof Petercam Foundation
www.degroofpetercam.com
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