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Investir ou non dans le secteur de la distribution alimentaire à l'heure de l'inflation ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
L’inflation est sur toutes les lèvres pour l’instant car elle augmente de manière très visible et notamment pour le portefeuille des particuliers. Les derniers chiffres pour le mois de novembre indiquent une inflation globale de presque 5 % dans la zone euro. Quel est l’impact éventuel de cette inflation sur le secteur de la distribution ?

Alors que la facture énergétique flambe en cette fin d’année, voit-on des signes que les prix dans l’alimentaire seraient, eux aussi, en train d’augmenter chez nous ?

Pas vraiment. Dans la zone euro, le gros contributeur à l’augmentation des prix, c’est d’abord l’énergie et ensuite les services. L’inflation alimentaire est juste au-dessus de 2 %, soit seulement un demi-pourcent de plus que la moyenne de ces 25 dernières années. Bien entendu, ce chiffre cache bien sûr des différences régionales. Par ailleurs, les matières premières, les emballages, le transport ont tous augmenté de manière significative cette année. Les distributeurs chez nous ont donc quelque peu ajusté leurs prix mais pas entièrement.

En revanche, il semble qu’aux Etats-Unis, l’inflation alimentaire soit de retour. Comment expliquez-vous cette différence ?

La situation est différente aux Etats-Unis. Là-bas, l’inflation alimentaire est juste au-dessus des 6 %. Je pense qu’il est difficile de trouver des raisons générales, mais nous faisons deux constats.
  • Le premier, c’est que les négociations de prix entre la distribution et les producteurs ont lieu deux fois par an aux Etats-Unis tandis que chez nous, elles n’ont en général lieu qu’une fois par an. Et justement, à cette époque-ci de l’année.
  • Ensuite, il faut bien constater que les États-Unis sont un marché avec de fortes parts de marché régionales et des leaders sur les prix. En Europe, il y a plus de concurrence.

Faut-il s’attendre à une répercussion des prix auprès des consommateurs ?

C’est inévitable, certaines augmentations de prix seront répercutées sur le consommateur final et donc, il faut s’attendre à une augmentation des prix alimentaires. D’ailleurs, les négociations ont lieu en ce moment. Bien sûr, toutes ces tractations se déroulent en coulisses et, en tant que consommateur, nous n’en avons vent que lorsque les choses dégénèrent. Par exemple : Nutella n’est plus en vente chez Colruyt (Ferrero), ainsi que Milka (Mondelez). Deux exemples qui montrent que les négociations sont tendues entre producteurs et distributeurs.

Quel impact peut-on imaginer sur les distributeurs cotés en bourse ?

En Belgique et aux Pays-Bas, la concurrence est assez féroce. Et chez nous vient s’ajouter le fait qu’il n’y a pas de vrai leader de marché en matière de prix comme l’est Albert Heijn aux Pays-Bas. Les opérateurs de supermarchés vont probablement tenter de protéger la valeur absolue de leurs profits mais – à cause de la concurrence – n’arriveront sans doute pas tout à fait à protéger leurs marges. Cet état de fait a été illustré récemment par les mauvais chiffres de Colruyt pour le premier semestre, même si Colruyt a ses propres problèmes. Les opérateurs de supermarchés ne sont pas valorisés très chers et certains y voient une opportunité d’investissement. Mais attention, l’inflation n’est pas nécessairement une bonne chose pour ces opérateurs qui voient leurs coûts augmenter mais ont du mal à répercuter ces augmentations.

Que nous réserve 2022 ?

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