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Cinq prévisions boursières pour 2022… et plus loin

Alors que les marchés apprennent à vivre avec les nombreux variants du virus SARS-CoV 2, la réponse apportée par nos dirigeants aux enjeux entre autres énergétiques et climatiques à long terme se situe au cœur de notre stratégie d’investissement. Des plans massifs d’investissements – dont le but est de favoriser les gains de productivité – voient le jour aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Ces plans constituent une réelle force positive et nous incitent à faire cinq prévisions boursières, pour 2022… et plus loin.

1. Une année de croissance bénéficiaire honnête

2021 fut l’année du rebond spectaculaire des bénéfices, à la mesure du rebond de la croissance économique. 2022 se profile comme une autre année de croissance bénéficiaire, certes plus modérée que 2021 : les observateurs s’attendent à +6 % pour 2022. L’impact potentiellement négatif de restrictions imposées afin de mitiger les dégâts de nouveaux variants devrait être compensé par la solidité de la consommation des ménages et par la reprise des dépenses d’investissements par les entreprises. Grâce notamment à la baisse du chômage et à la réserve élevée d’épargne accumulée, le pouvoir d’achat des ménages continue de s’améliorer. En même temps, les grands plans de relance budgétaire devraient venir renforcer l’appétit des entreprises à réinvestir. Nous serons attentifs en 2022 à la façon dont ces plans se concrétisent dans des projets tangibles.

2. Pas de resserrement des conditions financières

Nous savons qu’un changement de cap de la politique monétaire américaine a été entériné en octobre 2021 avec l’annonce de la fin des programmes d’achats d’obligations. Une augmentation des taux directeurs par la Fed est sans doute aussi à l’ordre du jour en 2022. Ce changement de cap va-t-il s’accélérer et mener à un resserrement généralisé ? Cela va dépendre de l’évolution du taux d’inflation. Nous notons que les goulets d’étranglement observés dans certaines chaines de valeur prennent du temps à se résorber. Mais nous avons aussi des signes avant-coureurs que l’augmentation des coûts de production à laquelle mènent ces goulets touche doucement à sa fin (stabilisation des prix de certaines matières premières, de certains composants électroniques, du transport maritime, etc.). Par ailleurs, les salaires sont en train d’augmenter. Si cette saine hausse salariale réactive bien la masse de travailleurs qui ont quitté la force travail, découragés par des rémunérations trop faibles dans certains secteurs, elle constitue une bonne nouvelle et contribuera à la stabilisation du taux d’inflation. Dans le cas contraire, cela voudra dire que d’autres moyens devront être mis en œuvre pour freiner l’inflation, dont, entre autres, une accélération des hausses de taux. Dans notre scénario, nous tablons sur une baisse de l’inflation par rapport aux taux élevés observés en 2021 ; ce qui devrait permettre à la Fed d’orchestrer son changement de cap sans durcir les conditions financières de manière trop importante.

3. Encore trop tôt pour une relance boursière en Chine

Les actions des marchés émergents, et de la Chine en particulier, possèdent des caractéristiques – notamment leur valorisation et leur potentiel de croissance – qui en font des actifs à haut potentiel. Malgré cela, leur performance en 2021 a déçu. Les bases d’une reprise boursière s’y dessinent mais il est trop tôt, selon nous, pour qu’elle se matérialise. Pour cela, deux conditions doivent être réalisées : une relance fiscale chinoise crédible et un dollar qui arrête de s’apprécier. Pour ce qui est de la relance fiscale, afin d’être crédible, celle-ci doit passer par un désaveu d’un comportement culturel et historique, concentré sur l’investissement immobilier. Ce secteur représente plus d’un tiers de l’économie chinoise et a y pris une place trop importante. Les autorités doivent donc trouver d’autres leviers de croissance, comme l’innovation technologique. Pour ce qui est du dollar, s’il s’apprécie trop par rapport à un panier de devises constitué des grands partenaires commerciaux des Etats-Unis, ce n’est pas une bonne affaire pour la Chine. Le renminbi est – en partie – rattaché aux fortunes du dollar. La stabilisation, voire la baisse, du dollar constitue donc une condition nécessaire à la relance boursière chinoise.

4. Le bon mix de valeurs : entreprises de croissance ET valeurs cycliques

Au cours des 10 dernières années, la baisse incessante des taux d’intérêt combinée au phénomène d’effondrement des bénéfices de certains secteurs cycliques (comme ceux des banques et des matériaux) alors qu’entre-temps ceux des secteurs de la technologie explosaient, a conduit, en termes de performance boursière, à la très nette dominance des entreprises de croissance – surtout celles issues de la technologie comme les GAFAMs – par rapport aux valeurs cycliques. 2022 n’est sans doute pas l’année du grand renversement de cette tendance qui ne s’inversera pas du jour au lendemain. Cependant, cette dernière est susceptible d'évoluer. D’abord, il est probable que nous ne pourrons plus compter sur la baisse des taux d'intérêt pour élargir l'écart de performance entre les valeurs à duration longue (les entreprises de croissance) et celles à duration courte (les valeurs cycliques). Ensuite, les fondamentaux des secteurs cycliques se sont nettement améliorés, grâce entre autres à la solidité de la demande. Les valeurs cycliques méritent donc une place importante dans les portefeuilles. Mais investissons aussi dans des valeurs de croissance, sans nous limiter nécessairement à la Tech ou aux GAFAMs. L'élargissement des enjeux technologiques et de la digitalisation des secteurs non-technologiques génèrent des opportunités de croissance pour un éventail plus large d’industries. La décarbonation aussi est susceptible de générer de nouvelles opportunités Le bon mix de valeurs pour 2022 est donc une combinaison d'expositions aux valeurs de croissance ET aux valeurs cycliques.

5. Une bonne année pour la bourse

La décennie qui s’achève fut caractérisée par une baisse de la croissance de la productivité et par un pessimisme grandissant à propos de la croissance économique à long terme. Surtout en Europe ! Nos modèles prévoient désormais une croissance structurelle aussi faible que celle qu’a connu le Japon au cours des dernières années. Toutefois, cette vision du monde pourrait s’avérer trop pessimiste à l’heure des plans de relance budgétaire inédits dont le but est, entres autres, d’améliorer la productivité. A mesure que la communauté des investisseurs se familiarisera avec l’impact de ces plans, la possibilité d’une meilleure croissance économique structurelle deviendra crédible ; ce qui contribuera à améliorer la valeur des entreprises cotées en bourse.
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