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Automobile : quelles sont les raisons de la reprise boursière ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Comment expliquer la bonne tenue du secteur automobile en Bourse ? Il y a 9 mois, au cœur de l’été 2020, nous avions analysé la performance boursière de ce secteur à l’occasion de trois vidéos :
A l’époque, l’observation principale était l’enlisement boursier dans lequel le secteur était tombé. Souvenez-vous, le secteur ne représentait plus à l’époque que 2 % de la valeur de la cote alors qu’il représente près de 6 % du PIB ou de l’emploi européen. Qu’en est-il aujourd’hui et pourquoi ce revirement que nous avions quelque peu anticipé ?
D’abord, en Bourse, la perception des investisseurs à l’égard d’un secteur n’est pas à négliger. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ladite perception a changé. La preuve ? Le secteur de l’industrie automobile a gagné 60 % en bourse depuis l’été 2020. Mieux encore, non seulement ce secteur a repris des couleurs mais il aussi mieux performé que le reste de la bourse. D’ailleurs, il représente aujourd’hui 3 % de la cote. Voilà pour le constat positif, mais quels sont les catalyseurs de ce changement d’attitude ?
L’an dernier, nous avions mis en avant trois éléments qui selon nous expliquent les enjeux du secteur pour les prochaines années :
Avec l’aide de nos analystes, nous avons revisité ces 3 éléments au gré de l’évolution économique mondiale.

Aubaine chinoise

D’abord la Chine, où en sommes-nous ? Sommes-nous toujours dans une optique de fin de l’eldorado ? Bonne nouvelle : la demande chinoise a rebondi très fortement depuis les plus bas atteints au creux de la crise sanitaire. En effet, au premier trimestre, les ventes de voiture en Chine ont rebondi de +70 %. Après la baisse des ventes observée depuis 2017, on note une réelle reprise et ça c’est un renversement de tendance. Par ricochet, les constructeurs européens bénéficient de cette reprise du marché chinois, mais les chiffres montrent que ce n’est plus la dominance d’avant. L’exemple de Volkswagen est parlant : le constructeur allemand est le plus gros fabricant en Chine mais sous-performe dans ce rebond. La stratégie de VW n’est pas à blâmer, car cette sous-performance est la résultante de la stratégie chinoise visant à favoriser les constructeurs locaux.

Défi vert

L’an dernier, nous expliquions que le secteur automobile faisait face à l’immense défi de l’électrification des voitures. La fin programmée du moteur thermique reste un réel enjeu pour le secteur. Nous parlons de « fin programmée » à dessein car cette transition est organisée par les gouvernements qui veulent atteindre le véhicule propre d’ici 2050 en poussant à des normes de pollution de plus en plus strictes. Les ambitions européennes à ce propos vont sans doute se préciser durant cet été.
A l’inverse d’autres secteurs, Il est très difficile de dissocier ce secteur de la politique, pour la simple raison que l’industrie automobile génère 14 millions d’emplois en Europe. Son avenir ne laisse donc pas de marbre nos gouvernants.
Raison pour laquelle, beaucoup de constructeurs européens – et Volkswagen en particulier - ont précisé leur stratégie à la lumière de cette ambition climatique.

Bonne surprise…

A noter que les ventes de voitures électriques progressent mieux que prévu et représentent à peu près 15% des ventes en Europe aujourd’hui (y inclus les ventes de véhicules hybrides). Mais attention : l’enjeu réel est également d’encourager et d’améliorer le recyclage des batteries. Motif ? Il faut freiner la consommation en ressources minérales qu’implique l’énorme augmentation de la production de batteries.

Nouvelles alliances

Reste encore à évoquer le troisième défi du secteur. Les alliances entre constructeurs dont l’historique n’est pas franchement probant. Or, si la fusion entre PSA et Fiat Chrysler est plutôt bien perçue par le marché, c’est en raison du contexte actuel. Et c’est sans doute aussi avec cette grille de lecture qu’il faut percevoir cette annonce de rationalisation du réseau de concessionnaires de Stellantis.
Avant d’aller plus loin, rappelons quelques chiffres autour de ce nouveau-né :
  • Stellantis est un groupe issu de la fusion entre Peugeot et Fiat Chrysler. Troisième producteur mondial après Toyota et Volkswagen. Avec 8 millions de véhicules vendus par an.
  • Stellantis est le deuxième producteur en Europe (juste après Volkswagen) avec 22% de part de marché. Il est quatrième aux Etats-Unis avec 13% de part de marché.
  • Stellantis est aussi le fruit du rapprochement de deux grandes familles industrielles de l’automobile européenne : les Agnelli et les Peugeot. A l’issue de la fusion, la famille italienne détient 22% du capital et la famille française 11%. L’’état français reste sous la barre de 10%.
  • Et last but not least, la nouvelle entité est dirigée par Carlos Tavares, un chef d’entreprise emblématique qui dirigeait avec brio Peugeot avant la fusion avec Fiat Chrysler.

Résiliations

Reste aussi à s’interroger sur cette soudaine décision prise par la direction de Stellantis de résilier tous les contrats de ses concessionnaires en Europe. Mais est-ce une véritable surprise ? Après tout, cette rationalisation du réseau de vente répond à une logique :
1.
D’abord, les habitudes d’achat ont changé.
2.
Ensuite, le véhicule électrique demande moins d’entretien ce qui va donc plomber le chiffre d’affaire des concessionnaires.
3.
Tertio, les réseaux de Fiat et de Peugeot se chevauchent. Mais est-ce en soi une information originale. D’ailleurs, tous les concessionnaires rationalisent. D’Ieteren pour ne citer qu’un seul exemple en Belgique le fait également. Par ailleurs, les analystes s’attendent à ce qu’a peu près 3 milliards d’euros de synergies puissent être réalisées d’ici 2025, soit un peu plus de 30% du profit opérationnel pro-forma du groupe consolidé en 2019.

Carlos Tavares

Est-ce un pari audacieux que cette fusion entre PSA et Fiat Chrysler ? Au vu de l’historique des alliances dans le secteur, la réponse est oui. Mais Carlos Tavares, le CEO du groupe bénéficie de la faveur du marché. Pas par complaisance coupable, mais parce qu’il a été capable de réussir ce que General Motors n’avait pas réussi à faire : rendre rentable le groupe allemand Opel. La preuve ? Le rachat d’Opel a été annoncé en 2017 et dès 2018 l’entreprise était à nouveau profitable ! C’est sans doute fort de cette réussite qu’il a obtenu de pouvoir diriger le nouveau groupe.

Risques

Soyons toutefois attentifs aux risques. Le secteur automobile est un secteur à fort levier opérationnel. Lorsque les ventes augmentent, cela bénéficie au secteur (comme pour l’instant) mais lorsque les chiffres d’affaire sont en retrait, le secteur peut facilement faire des pertes. Il faut donc bien se faire conseiller avant d’investir !
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