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Opportunités d’investissement dans les services financiers : les enjeux des banques de détail (1/2)

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Dans cette première vidéo, découvrez les enjeux auxquels font face les banques de détail. En particulier le défi que représente l’environnement de taux d’intérêt durablement bas pour l’activité traditionnelle de ce secteur qu’est l’octroi de crédit et les relais de croissance que sont allés chercher les différents acteurs notamment dans la distribution de produits financiers.

Le secteur des banques de détail a été le mal-aimé de la Bourse durant ces dernières années. Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?

Effectivement, les banques de détail sont peu valorisées en bourse : leur capitalisation boursière n’est plus que d’environ 400 milliards d'euros et représente moins de 10 % de la capitalisation boursière de l’ensemble des entreprises cotées de la zone euro. C’est peu, surtout si l’on refait l’histoire et que l’on se souvient que les banques représentaient à une époque plus de 20 % des indices boursiers – mais c’était avant la grande crise financière de 2008. Si l’on met cette valorisation en perspective avec les fondamentaux du secteur, c’est peu aussi : la plupart des banques traitent à une décote par rapport à leurs fonds propres et elles valent moins que leur chiffre d’affaires, qui est aujourd’hui d’à peu près 500 milliards d'euros par an (chiffre d’affaires attendu en 2021 pour l’ensemble des banques de la zone euro). Clairement, les banques sont sous pression.

Afin de mieux comprendre les raisons de cette mise sous pression du secteur, quels sont les différents rôles d’une banque ?

Nous en identifions trois : 
  • D’abord, un rôle d’intermédiation à travers la prise de dépôt et l’octroi de crédit. Je dirai que c’est le rôle traditionnel des banques, le plus connu du grand public. 
  • Ensuite, le secteur a aussi un rôle de distribution de produits financiers en tous genre (fonds de placement, produits d’assurance). 
  • Enfin, le secteur financier a également un rôle de facilitation des paiements. 

Concernant le premier rôle du secteur financier, celui du financement de l’économie via les crédits, qu’en est-il de ce rôle et de son évolution ? 

C’est effectivement le rôle traditionnel des banques et elles le font par un mécanisme très simple. Les dépôts que nous avons en banque servent à financer les crédits que les banques font aux particuliers (par exemple pour l’achat d’une maison) ou aux entreprises. 
Dans ce rôle en tant qu’institutions de crédit, les banques participent à la création monétaire. La raison ? Un prêt fait à une entreprise ou un particulier peut être redéposé auprès de la banque et servir à nouveau à financer un nouveau crédit. 
Cette création monétaire est contrôlée et limitée par l’institution qui régule les banques, à savoir la Banque centrale européenne (BCE).

Que représente cette masse de crédit des banques de la zone euro ? 

D’après les statistiques de la BCE, les prêts aux résidents de la zone euro représentent 22.000 milliards d'euros, soit 2 fois son PIB. Quant au modèle économique des banques traditionnelles, il tourne autour de la marge nette d’intérêt parfois appelée marge d’intermédiation (puisque les banques jouent un rôle d’intermédiaire) et qui est en fait une fraction du taux d’intérêt que paye l’emprunteur. Jusqu’à présent, cette marge a traditionnellement généré la plus grosse partie des revenus des banques. 

Avec la baisse continue des taux d’intérêt depuis des années, ce modèle basé sur la marge d’intermédiation doit atteindre ses limites, non ?

C’est clair que l'effondrement des taux d'intérêt impacte fondamentalement ce modèle. Plus les taux d’intérêt sont bas, plus la marge d’intérêt perçue par les banques est sous pression. D’ailleurs, cette baisse continue du loyer de l’argent a mis à mal une partie importante du revenu des banques et explique en partie leur faible valorisation en bourse. 

Que font les banques pour pallier ce défi ? 

Nous pensons que les taux d’intérêt vont rester durablement bas. Rappelons qu’ils sont fixés artificiellement bas par les autorités monétaires pour soutenir nos économies et rendre supportable le remboursement de la dette publique. Sachant cela, tout l’enjeu pour les banques est de trouver des solutions ou d’autres relais de croissance. 
  • L’une de ces solutions consiste à se tourner vers les crédits plus profitables, notamment les prêts aux particuliers. 
  • L’autre est d’orienter les dépôts des clients particuliers vers des produits d’investissement. Donc, au lieu de prêter ces dépôts, les banques proposent à leurs clients de les placer en bourse ou sur les marchés financiers en général : d’orienter les dépôts bancaires vers des produits de placement. En clair, au lieu de prêter ces dépôts, les banques proposent à leurs clients de les placer en Bourse ou sur les marchés financiers. 

Pouvez-vous nous donner une description de l’industrie de la gestion d’actifs ?

L'industrie de la gestion d’actifs s’inscrit au cœur d’un réseau complexe de fabrication de produits (la gestion d'actifs proprement dite), de services associés à cette fabrication (ces services vont du courtage au dépositaire, sans oublier la fourniture de données) et, enfin, de distribution de ces produits. Les acteurs impliqués dans la fabrication, dans la gestion, sont soit indépendants, sont intégrés au sein de banques de détail ou de banques de marché. 

Que représente cette industrie au niveau mondial ? 

L’une des manières de se former une idée précise de cette activité consiste à se reporter à la statistique de Morningstar – un fournisseur de données financières – qui fait état d’une valeur de 41.000 milliards de dollars d'actifs sous gestion à l'échelle mondiale, l’équivalent de la moitié du PIB mondial.  Attention, cette statistique de Morningstar ne représente – bon an, mal an – que l’industrie des fonds de placement. Ce qui veut dire que si vous incluez les mandats, surtout les mandats institutionnels, vous obtiendrez un chiffre beaucoup plus élevé. Cette activité de gestion de fonds connait une belle croissance. 

En résumé, quelles sont les perspectives pour le secteur bancaire ? 

Les acteurs des services financiers ont une place dans tout portefeuille diversifié et donc les banques aussi. Elles sont peu valorisées en bourse pour l’instant mais pourtant, elles trouvent des relais de croissance, notamment dans la distribution de produits financiers et la gestion d’actifs qui connaît une belle croissance entre autres grâce à la hausse fulgurante des bourses. Il suffirait que le secteur renoue avec un petit peu de croissance, 2-3 % par an serait suffisant pour que ces banques paraissent peu chères. Cerise sur le gâteau, les banques – qui n’ont pas payé de dividende depuis 2 ans – vont recommencer à distribuer à partir du mois d’octobre. 
Dans la seconde vidéo, Eros Portillo Spetaliere, analyste financier spécialisé dans les secteurs des télécoms, des médias et de la technologie de la banque Degroof Petercam, nous parle d’une autre activité traditionnelle des banques, l’activité de paiements, sujette à une véritable révolution technologique.
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