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La logistique, les raisons du désamour boursier

Herman Van der Loos - Senior Equity Analyst
S’il y a bien un secteur qui a bénéficié des faveurs de la Bourse, c’est celui de la logistique. Les sociétés cotées actives dans ce secteur subissent néanmoins un désintérêt de la part de ces mêmes investisseurs. Herman Van der Loos, analyste financier auprès de la banque Degroof Petercam, nous en donne les raisons.

Pouvez-vous d’abord nous expliquer les raisons de l’engouement des investisseurs pour le secteur de la logistique ?

C’est vrai qu’en 2021, si on regarde les chiffres, on constate que sur les 10 meilleures performances enregistrées par des sociétés cotées immobilières, six d’entre elles sont des sociétés actives dans le secteur logistique. Il faut reconnaitre que ce sont des valeurs qui ont surfé avec succès sur des relocalisations, sur les périodes de confinement, sans oublier l’essor de l’e-commerce. Regardez juste le parcours de l’action VGP : + 114% en un an ! Mais le vent a tourné, et aujourd’hui les performances du secteur logistique sont dans le rouge.

Justement, comme expliquez-vous ce désamour pour les valeurs logistiques ? Est-ce l’effet de la guerre en Ukraine ?

La guerre en Ukraine a eu un effet indirect via la chute des marchés financiers. Entre la remontée des taux d’intérêt, la hausse plus rapide que prévu de l’inflation, la croissance en baisse, la politique du zéro-covid en Chine, avouez qu’il y a de quoi faire paniquer n’importe quel investisseur aguerri. Et donc, oui, certains investisseurs ont pris leurs bénéfices, et ce mouvement de vente s’est fait au détriment des actions avec les meilleures performances en 2021. Autrement dit, ce sont les actions star de la logistique qui ont le plus souffert de ces prises de bénéfice.

N’est-ce pas aussi Amazon qui a jeté de l’huile sur le feu ?

En effet, le directeur financier d’Amazon a jeté un froid dans le marché quand il a annoncé qu’il y avait, selon lui, trop d’espace logistique. Il n’en fallait pas plus pour que les investisseurs s’interrogent sur la durabilité de la demande pour l’e-commerce. Amazon a été une sorte de « canari dans la mine » qui a averti en quelque sorte ces investisseurs d’un éventuel coup de grisou boursier.

Ne pensez-vous pas que les investisseurs se sont également souvenus que les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel ?

Exact ! On pourrait aussi dire que ce qui monte finit aussi par descendre un jour. Et en ce sens, la purge boursière a un côté « claque salutaire ». Nous parlions d’amour pour ces actions logistiques, la Bourse nous a en quelque sorte rappelé qu’un « amour ne doit pas être aveugle ».

Le mot logistique est aussi un mot-valise, il comprend des sous-secteurs très différents ?

C’est le moins que l’on puisse dire. Il ne faut pas se désespérer de ce secteur mais le regarder avec d’autres yeux. De manière plus fine. Quand Amazon nous avertit d’un éventuel trop plein d’espace, le roi de l’e-commerce ne nous dit pas que toute la logistique est en mauvaise posture, mais davantage celle liée à l’e-commerce. Nuance, donc. D’autres logisticiens se sont spécialisés dans la sous-traitance pour d’autres sociétés : c’est le cas de NKM avec Carrefour ou de VGP pour la location d’entrepôts de batterie pour BMW. Et dans ce genre d’exemples, le logisticien est moins affecté que d’autres entreprises. En d’autres mots, l’investisseur doit être plus sélectif dans ses choix. Pour notre part, nous préconisons à ces derniers de s’intéresser non pas aux stars de la cote, mais plutôt aux actions de 2e division actives dans le secteur de la logistique. Certes, elles ont moins monté que les stars, mais elles sont aussi moins chères. Parmi nos valeurs favorites, nous pouvons épingler Montea, VGP, Argan et Intervest Offices & Warehouses.

La vision de notre expert vous intéresse ? Découvrez également notre vidéo précédente sur l'impact économique et géopolitique du conflit en Ukraine.



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