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Monthly Market News - novembre 2018

Alexandre Gauthy - Economist
Octobre a une fois de plus fait honneur à sa réputation de mois boursier dangereux. Notre expert Alexandre Gauthy examine les causes et indique quel a été l’impact pour les marchés des obligations, des devises et des matières premières.

Marchés d'actions

La correction sur les marchés des actions résulte en un mois d’octobre fortement négatif. La baisse depuis les plafonds du début d’année dépasse les 10 % sur la plupart des marchés et au niveau le plus bas, même le S&P500 américain a vu partir en fumée tous ses gains enregistrés depuis le début de l’année. La hausse du rendement obligataire aux États-Unis est à l’origine de la baisse. Des taux plus élevés ont pour effet de freiner l’économie et de rendre les actions moins attrayantes d’un point de vue relatif. Mais la baisse s’est poursuivie en raison de la crainte des résultats du troisième trimestre. Ceux-ci étaient bons, surtout aux États-Unis, mais les investisseurs s’inquiètent de la pérennité des bénéfices et des marges. Un certain nombre d’entreprises ont fait part d’une augmentation des coûts de production qui, dans certains cas, pèse sur les marges bénéficiaires. Cette hausse des coûts a donné lieu à une série d’avertissements sur résultats, qui ont été abondamment commentés dans la presse. La croissance plus lente en dehors des États-Unis est également ressentie par quelques entreprises. Par ailleurs, un certain nombre de facteurs techniques (la période de black-out durant laquelle les entreprises ne peuvent pas acheter d’actions propres et les fonds systématiques qui accentuent les tendances du marché) ont également joué un rôle clé. Font exception à l’évolution négative du marché les bourses d’Amérique latine qui, sous l'impulsion des élections présidentielles au Brésil, ont quand même pu clôturer en hausse.
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Marchés obligataires
Le rendement des obligations américaines à 10 ans atteignait encore 3,25 % au milieu du mois, le niveau le plus élevé en sept ans. Cette hausse est due à toute une série de chiffres économiques solides ainsi qu’aux déclarations du président de la banque centrale Jerome Powell, synonymes de resserrement pour le marché. En raison de la correction sur les marchés des actions, le rendement est retombé à 3,10 % à la fin du mois. En Europe, le rendement allemand a suivi un modèle similaire, en atteignant d’abord le niveau de 0,55 % pour redescendre ensuite à 0,35 %. Les spreads des pays périphériques ont augmenté, dans une mesure restreinte pour l’Espagne et le Portugal (10 à 15 points de base) et considérablement plus pour l’Italie (40 points de base). Tout ceci est bien sûr lié au budget italien pour 2019 qui continue de provoquer des remous. La Commission européenne (CE) a rejeté le projet de budget du gouvernement italien. C’est la première fois de son histoire que l’institution prend une telle décision. Avec l’augmentation prévue du déficit budgétaire à 2,4 %, le gouvernement actuel ignore l’objectif du précédent, de réduire le déficit. Par ailleurs, la CE s'inquiète des perspectives de croissance trop optimistes du gouvernement italien. Au final, le déficit pourrait donc avoisiner les 3 % et l’allègement de la dette (130 % du PIB) ne serait plus d’actualité. Le gouvernement italien doit présenter pour le 13 novembre au plus tard une nouvelle version de son budget, mais si l’on en croit les commentaires en provenance d’Italie, il ne faut pas s’attendre à de grandes modifications. En attendant, les agences de notation Moody’s et S&P ont adapté leur évaluation de la solvabilité de l’Italie. Moody’s a ainsi abaissé sa note d’un cran à Baa3, le niveau le plus bas de la catégorie « investment grade », avec perspectives stables. S&P a quant à elle maintenu son rating à BBB, l’avant-dernier niveau de la catégorie « investment grade », mais a fait passer ses perspectives à « négatives ». L’annonce des agences de notation était en grande partie attendue par les marchés. Les obligations d’entreprises ont perdu un peu de terrain, avec à la clé un élargissement des spreads par rapport aux obligations d’État. Mais les spreads n’ont pas dépassé le plafond de cette année qui a été atteint début juillet.
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Banques centrales et politique monétaire

Les banques centrales ont fourni peu d’informations au cours du mois écoulé. Le Président Trump a critiqué la Réserve fédérale parce qu’elle augmentait selon lui trop fortement les taux et qu’avec les prochaines hausses de taux attendues, elle réduirait à néant les mesures fiscales et budgétaires du gouvernement. La banque centrale, en tant qu’institution indépendante, ne se laissera pas influencer par cette critique. Il n’est pas attendu non plus de la Banque centrale européenne qu’elle s’écarte de son trajet de normalisation de la politique monétaire (arrêt du programme d’achat d’obligations à partir de janvier 2019 et première hausse des taux après l'été 2019) en raison des chiffres de croissance plutôt décevants dans la zone euro ou de la situation en Italie. On part généralement du principe que la BCE n’entreprendra pas d’action spécifique pour soutenir le marché obligataire italien, à moins d'une contagion vers d’autres pays périphériques.
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Devises

Tout comme d’autres placements « sûrs », un certain nombre de valeurs refuges se sont bien portées en octobre, comme le dollar (+2,5 % par rapport à l’euro) et le yen (+3,2 %). Par ailleurs, les chiffres macro-économiques dans la zone euro sont souvent un peu inférieurs aux attentes, alors que ceux des États-Unis restent généralement solides. Cela pèse également sur l’euro. En définitive, la livre est restée quasi inchangée, mais a subi au cours du mois une volatilité considérable en raison des négociations difficiles à propos du Brexit. Les devises scandinaves étaient faibles. La Suède n’est toujours pas parvenue, deux mois après les élections, à former un gouvernement (couronne suédoise : -0,5% par rapport à l’euro). La devise norvégienne (-1% par rapport à l’euro) a souffert de la forte baisse du prix du pétrole. Le réal brésilien a fait un bond de 10,4 % par rapport à l’euro après la victoire du populiste de droite Jair Bolsonaro aux élections présidentielles.
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Matières premières

En fort contraste avec septembre, lorsque le prix du pétrole Brent a atteint son niveau le plus haut en presque quatre ans à 85 dollars le baril, le cours a fortement chuté le mois dernier pour se maintenir juste au-dessus des 75 dollars. Le prix du pétrole est souvent volatil car des adaptations relativement faibles des perspectives de l’offre ou de la demande peuvent conduire à des déséquilibres sans un marché proche de sa capacité maximale. En septembre, on craignait que l’offre ne soit insuffisante à partir de l’entrée en vigueur de l’embargo sur le pétrole iranien prévue le 4 novembre. Mais en octobre, il y a eu des signes que l’Iran essaierait de contourner l’embargo américain, éventuellement avec l’aide de la Russie et de la Chine. En outre, le scandale autour du meurtre du journaliste Khashoggi a éclaté, ce qui a menacé de perturber les bonnes relations avec les États-Unis. Dès lors, l’Arabie Saoudite s’est vue obligée d’annoncer qu’elle n’utiliserait pas sa production comme arme. En d’autres mots : l’Arabie Saoudite continuera à utiliser sa capacité disponible si nécessaire. Les matières premières ont à nouveau baissé, après des signaux de poursuite du refroidissement de la croissance en Chine, l’aversion au risque générale sur les marchés et un dollar plus fort. L’or a pu profiter cette fois de la turbulence sur les marchés des actions. Certains participants au marché s’attendent à ce que la banque centrale américaine suive un trajet de hausse des taux moins agressif que ce qu’elle ne laisse entendre actuellement. En outre, la turbulence sur les marchés en octobre était également sensible sur le marché américain.
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