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Reprise économique : un an d’avance pour les Etats-Unis

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Nos économistes et stratèges viennent de publier leurs perspectives économiques et leur stratégie d’investissement pour le deuxième trimestre 2021. En voici les points importants.
Principal message à garder à l’esprit : malgré la difficulté à contrôler le virus en Europe continentale, les perspectives de reprise pour l'économie mondiale restent bonnes dans leur ensemble. Quant à la hausse des rendements obligataires qui a fait beaucoup parler d’elle au premier trimestre, elle devrait pouvoir être absorbée sans trop de peine par les marchés financiers. Résultat : nous continuons d’être surpondérés sur les actions et en particulier sur les actions américaines.
Bien entendu, au-delà du constat global, il n’en reste pas moins que des différences régionales subsistent. D’ailleurs, les mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on caractérise les perspectives économiques à court terme, c’est la désynchronisation ou l’inégalité de la reprise. En particulier entre l’Europe et les Etats-Unis. Poussons plus loin le zoom économique

Divergences

  • En Europe, l’activité économique est toujours plus ou moins 5 % sous son niveau de fin 2019. De fortes disparités se cachent derrière ce chiffre. Les pays du sud la zone euro ont le plus souffert de la crise, tandis que les économies allemande et néerlandaise ont mieux résisté. Chacun le sait aujourd’hui, la lenteur de la vaccination de la population européenne risque hélas de retarder la levée des mesures de restriction. En cas de persistance de ces mesures durant l’été, le décalage économique entre les pays du nord et ceux du sud pourrait encore une fois se creuser, les pays du sud étant plus exposés au tourisme. L’OCDE (organisation qui regroupe les principaux pays industrialisés) prévoit que l’Europe ne rattrapera son niveau d’activité pré-pandémie que vers la seconde moitié de 2022.
  • A l’inverse, aux Etats-Unis, l’activité économique américaine n’est qu’à 1 % en-dessous de son niveau de mars 2020. Le plan fiscal de 1.900 milliards de dollars approuvé début mars est en train de donner un élan important à l’économie américaine. Grâce à la reprise vigoureuse que nous anticipons, les surcapacités dans l’économie devraient être absorbées beaucoup plus rapidement que dans la zone euro. D’après ces mêmes prévisions, les Etats-Unis devraient être à même de récupérer leur niveau pré-pandémie dès ce trimestre ci.
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Conclusions provisoires de ce constat : il y aura donc un an de décalage dans la récupération de l’activité entre les deux rives de l’Atlantique. Tout un symbole !

Hausse des prix

Qui dit reprise forte, dit également crainte d’un retour de l’inflation. Est-ce plausible comme scénario comme le laissent entendre les commentateurs boursiers ces jours-ci ? C’est vrai qu’aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, nous ferons sans doute face à un retour temporaire de l’inflation. Mais attention : elle sera sans doute plus vigoureuse aux Etats-Unis qu’en Europe. Motif ? Parce que la reprise y sera plus forte et parce qu’il y a moins de surcapacités aux Etats-Unis qu’en Europe.
  • De son côté, l’inflation dans la zone euro dépassera la cible fixée par la banque centrale ces prochains mois en raison des effets de base puissants. Mais là encore, cette hausse ne sera que temporaire en raison des faibles pressions inflationnistes domestiques : il existe toujours des surcapacités de production dans la région et la progression des salaires reste modérée à moins de 2 %. La Banque centrale européenne (BCE) ne devrait donc pas réagir à cette hausse de l’inflation.
  • D’ailleurs, aux Etats-Unis aussi, tout plaide en faveur d’un retour temporaire de l’inflation américaine.
    • Premièrement, la consommation progressera fortement cette année grâce à l’ampleur des aides fiscales. Et cela, à un moment où l’offre est restreinte par un certain nombre de facteurs (délais de livraison importants dus à la pénurie de conteneurs maritimes, insuffisance de production de semi-conducteurs). Les pressions inflationnistes s’observent déjà en amont dans l’industrie.
    • Deuxièmement, l’inflation augmentera mécaniquement en raison des effets de base des prix pétroliers.
    • Enfin, la hausse du prix des matières premières de ces derniers mois ainsi que la baisse du dollar l’année dernière devraient également contribuer à revitaliser l’inflation.

Loyer de l’argent

Compte tenu de ce contexte, reste à s’interroger sur nos attentes en matière de politique monétaire : faut-il s’attendre à une hausse des taux d’intérêt ? Voici quelques éléments de réponse :
  • Primo, les banques centrales des deux régions ont toutes les deux annoncé qu’elles maintiendraient le cap de leurs programmes d’achats, même si ce sera sans doutes plus facile pour la banque centrale américaine (FED) que pour la BCE.
  • Secundo, la BCE a d’ailleurs déjà annoncé en mars une augmentation du rythme de ses achats d’obligations d’Etat au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre. Son programme d’achat pandémique, dont la taille totale avait été augmentée en décembre 2020, lui confère cette flexibilité du montant des achats dans le temps. La Banque centrale européenne vise donc à maintenir des conditions monétaires et de financement optimales en vue de supporter la reprise économique. Une hausse de la taille de son programme d’achat n’est pas à exclure si la progression des taux longs se poursuit. Pour l’instant ce programme devrait se poursuivre jusqu’en mars 2022.
  • Tertio, la FED a elle aussi laissé inchangée sa politique monétaire lors de sa réunion de mars (taux planchers et achats d’actifs à hauteur de 120 milliards USD par mois). La Fed a revu à la hausse ses prévisions de croissance économique et d’inflation pour cette année, alors que ses prévisions de 2022 et 2023 sont restées globalement identiques à celles de sa réunion précédente. Les membres de la FED sont d’avis que la progression de l’inflation en 2021 sera temporaire et que l’inflation retombera les années suivantes. Par conséquent, la projection médiane des membres de la Fed n’indique aucune hausse de taux jusqu’à 2023. De notre côté, nous pensons que la FED sous-estime quelque peu le caractère transitoire de la hausse de l’inflation. Mais étant donné le nouvel objectif d’inflation moyenne de la FED, il est probable que la banque centrale prenne plus de temps que lors des cycles précédents avant d’augmenter son taux directeur. La banque centrale devrait commencer à réduire la taille de ses achats d’actifs dès l’année prochaine.

Portefeuille boursier

La macroéconomie, c’est bien, mais au niveau des détenteurs d’actifs financiers, comment traduire cette analyse ? Notamment sur le portefeuille des clients ?
  • D’abord, une bonne nouvelle : la hausse des rendements obligataires à long terme aux États-Unis signale l'amélioration rapide des perspectives de reprise. Or, une économie américaine saine est une bonne nouvelle pour les bourses. Raison pour laquelle, nous sommes surpondérés sur les actions, en particulier sur les actions américaines.
  • Bien entendu, nous restons prudents et diversifié. La raison ? Les marchés financiers doivent s'adapter au changement de régime induit par la hausse des rendements obligataires américains à long terme. Et s’il est vrai que les actions offrent toujours une prime de risque attrayante et le meilleur potentiel risque-rendement à long terme, il n’en reste pas moins que ce changement de régime pourrait entraîner de la volatilité.
  • De plus, il reste encore un certain potentiel à la hausse pour les rendements obligataires à long terme, ce qui justifie: (1) notre sous-pondération en obligations et notre faible sensibilité aux taux (faible duration), et (2) notre positionnement pro-reprise, principalement via des valeurs de petites capitalisation et/ou cycliques et/ou tout simplement bon marché.
  • Nous notons également qu’une grande partie de l'évolution des taux est derrière nous, ce qui implique : (1) la Fed n'est pas d'humeur à relever bientôt ses taux directeurs (à court terme), et (2) les rendements obligataires mondiaux se situent bien en dessous du niveau américain (sauf en Chine). Conclusion : Les valeurs de croissance restent donc attractives à long terme (certaines zones commencent même à paraître survendues) mais elles pourraient sous-performer pendant que le marché s'ajuste.
  • Enfin, ne les oublions pas, les obligations conservent également leur place dans des portefeuilles diversifiés. Nous ajoutons des dollars (même s’il est cher) et des convertibles à nos solutions de construction de portefeuille.
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