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Monthly Market News

Monthly Market News septembre 2022 – Tendances sur les marchés

Alexandre Gauthy - Economist
La hausse des rendements obligataires, le renforcement du dollar et la chute des marchés d'actions ont été les principales tendances du mois dernier, alors que la vague mondiale de resserrement monétaire se poursuit sans relâche. Le paquet fiscal du nouveau gouvernement britannique n'a pas été apprécié par les marchés financiers.

Notre expert, Alexandre Gauthy, analyse les tendances sur les marchés en septembre 2022.

Marchés d’actions : un mois difficile pour les marchés boursiers mondiaux

Les marchés boursiers ont globalement connu une forte baisse en septembre. La faiblesse du mois dernier peut être attribuée à un certain nombre de facteurs, notamment le resserrement de la politique monétaire, la hausse des rendements obligataires, la montée des craintes de récession et l'affaiblissement des perspectives bénéficiaires. Les risques géopolitiques sont également restés sur le devant de la scène avec la mobilisation partielle en Russie, l'annexion de quatre provinces ukrainiennes et le sabotage du gazoduc Nord Stream en mer Baltique.

Le marché boursier américain a enregistré sa pire performance mensuelle depuis mars 2020 et a sous-performé le marché boursier européen en devise locale. Toutefois, en raison de la hausse du dollar, les performances des deux bourses ont été similaires en euros. Les taux de change ont également eu un impact significatif sur la performance des marchés boursiers des autres régions au cours du mois dernier. Au sein des marchés émergents, les marchés boursiers asiatiques en particulier étaient dans le camp des perdants, sous l'effet de la faiblesse de la Chine, tandis que les marchés boursiers d'Amérique latine ont un peu mieux résisté.

Les actions sensibles à la hausse des taux d'intérêt ont enregistré des performances plus décevantes que la moyenne des marchés boursiers, tant en Europe qu'aux États-Unis, même si les écarts de performance ont été contenus. Les valeurs de croissance telles que le secteur technologique ont été parmi les perdants, mais le secteur de l'immobilier a également été fortement touché. Outre la hausse des taux d'intérêt, une économie plus faible et une inflation plus élevée sont également des facteurs négatifs pour ce secteur. Les valeurs « value », qui souffrent moins d'une hausse des taux d'intérêt (secteurs financiers et cycliques), ont enregistré de meilleures performances que la moyenne du marché boursier, mais elles ont néanmoins été négatives.
Marchés d’actionsSeptembre3 moisDepuis 31/1212 mois
MSCI EMU NR-6.3%-4.5%-22.4%-18.0%
MSCI EUROPE NR-6.3%-4.1%-17.4%-11.0%
MSCI USA NR-6.9%1.6%-13.0%-2.5%
MSCI JAPAN NR-8.0%-1.5%-14.5%-16.4%
MSCI EM. MARKETS NR-9.4%-5.6%-15.4%-15.0%
MSCI AC WORLD NR-7.2%-0.6%-13.7%-6.1%
Performances en EUR au 30/09/2022 Source : Bloomberg

Marchés obligataires : les taux longs à leur plus haut niveau depuis plus de 10 ans

Des données sur l'inflation plus élevées que prévu ont poussé les rendements obligataires en septembre vers de nouveaux sommets jamais atteints depuis une décennie. L'inflation dans la zone euro a atteint 10 % pour la première fois. Le rendement américain à 10 ans a atteint presque 4 % au cours du mois dernier (alors qu’il s’établissait toujours à 3,1 % au début du mois). Le taux allemand à 10 ans a dépassé 2,2 % pour la première fois depuis 2012 (il s’élevait à 1,55 % au début du mois).

Les écarts de taux des obligations d'État italiennes ont légèrement augmenté avant les élections législatives de fin septembre, mais ont continué de fluctuer dans une fourchette de 200 à 250 points de base, qui est restée la marge de fluctuation de ces derniers mois. Comme prévu par les sondages, la coalition de droite dirigée par le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia a remporté haut la main les élections. Ce dernier a signalé qu'il maintiendrait la discipline budgétaire. À plus long terme, cependant, il n'est pas certain que les réformes structurelles de l'économie italienne se poursuivent.

Au Royaume-Uni, le mini-budget du nouveau gouvernement Truss a fait sensation. Le paquet de réductions d'impôts et de nouvelles dépenses qui seraient financées par l'emprunt a provoqué une perte de confiance dans le nouveau gouvernement et une véritable vague de vente. Le rendement à 10 ans a atteint 4,6 % au cours du mois, contre un peu plus de 2 % au début du mois d'août. Cette volatilité accrue sur les marchés a entraîné une réaction de la Banque d'Angleterre, qui a annoncé l'achat d'obligations longues par crainte d'instabilité financière. En effet, le mouvement de hausse des rendements obligataires a été amplifié par la vente de titres par certains fonds de pension britanniques confrontés à d'importants appels de marge. À la fin du mois, les rendements obligataires sont retombés à 4,1 %, soit encore 1,3 % de plus que le mois précédent.
Taux gouvernementaux 10 ansActuelSeptembre3 moisDepuis 31/12
Belgique2.770.590.762.58
France2.720.570.802.52
Allemagne2.110.570.772.29
Italie4.520.631.263.35
Grèce4.860.751.253.52
Espagne3.290.550.872.72
Etats-Unis3.830.640.822.32
Japon0.240.020.010.17
Evolution jusqu'au 30/09/2022Source : Bloomberg

Banques centrales : vague mondiale de resserrement monétaire

Le mois de septembre a été un mois record en termes de hausses des taux d'intérêt par les banques centrales mondiales. Les taux directeurs ont été relevés aux États-Unis, au Canada, en Australie, dans la zone euro, au Royaume-Uni, en Suisse, en Norvège, en Suède - pour ne citer que les principaux. Le rythme des hausses de taux reste extrêmement élevé, illustré par la banque centrale suédoise qui a relevé son taux directeur de 100 points de base d'un seul coup.

La Banque centrale européenne a relevé son taux directeur de 75 points de base, une hausse historique. La banque centrale a confirmé qu'elle continuerait à relever les taux d'intérêt à un rythme accéléré pour ramener l'inflation à l'objectif fixé. Une nouvelle hausse des taux d'intérêt de 75 points de base est probable en octobre.

Aux États-Unis, la Fed a relevé son taux directeur de 0,75 % pour le porter dans une fourchette de 3 % à 3,25 %. La Fed s'attend désormais à ce que les taux d'intérêt atteignent 4,4 % d'ici la fin de l'année, ce qui implique une nouvelle hausse de 75 points de base en novembre, suivie d'une hausse de 50 points de base en décembre. La prévision médiane pour la fin de 2023 est relevée à 4,6 %, ce qui implique une nouvelle hausse des taux de 25 points de base au début de l'année prochaine. Les membres de la Fed sont loin d'être d'accord sur la nécessité de réduire les taux d'intérêt à l'avenir.

Après que la banque centrale suisse a déjà relevé de manière inattendue ses taux d'intérêt de 50 points de base (pb) à la mi-juin, une nouvelle hausse de 75 pb a suivi fin septembre, ce qui était plus que prévu.

Le Japon est à peu près le seul grand pays à maintenir une politique monétaire accommodante. La Banque du Japon a de nouveau laissé son taux directeur inchangé le mois dernier, à -0,1 %, malgré une inflation de +3,0 % en glissement annuel en août, un chiffre inédit depuis 2014.
Tarif Banque centraleActuelDernier mouvementDate
Fed funds3.0-3.25%+0.75%Sept. 2022
BCE taux de dépôt0.75%+0.75%Sept. 2022
Situation au 30/09/2022 Source : Bloomberg

Devises : des marchés de devises turbulents

Le dollar a dépassé la parité avec l'euro, ce qui constitue le niveau le plus fort de la monnaie américaine au cours des 20 dernières années. Toutefois, le dollar ne s'est pas seulement renforcé par rapport à l'euro. Par rapport à d'autres monnaies, le dollar a également atteint des niveaux élevés qui n'avaient pas été vus depuis plusieurs décennies, par exemple par rapport au yen japonais (depuis 1998), à la livre sterling (depuis 1985) ou au renminbi chinois (depuis 2008). Cela est dû en grande partie à la situation économique relativement meilleure aux États-Unis et aux différences en termes de politique monétaire.

Le gouvernement japonais est intervenu sur le marché des changes pour stopper la chute du yen face au dollar. Depuis le début de l'année, le yen a chuté de près de 25 % par rapport à la devise américaine. Le niveau de 145 yens par dollar, correspondant au plus bas de 1998, a été le signal pour intervenir.

La monnaie chinoise est passée sous la barre des 7 renminbi par dollar, portant sa perte depuis le début de l'année à plus de 12 %. La banque centrale chinoise n'est pas encore intervenue directement sur le marché des changes, mais elle se préparerait à le faire. Toutefois, la banque centrale a introduit des mesures qui rendent plus coûteuses les positions courtes contre la monnaie.

La couronne norvégienne a chuté de 6,9 % par rapport à l'euro en septembre. La Norvège, première grande économie développée à entamer un cycle de hausse des taux l'année dernière, a effectivement relevé son taux directeur de 50 points de base pour le porter à 2,25 % en septembre, mais a annoncé que les hausses futures seraient "plus progressives". La chute des prix du pétrole a également pesé sur la monnaie.

Enfin, la livre sterling a attiré l'attention en septembre, en raison du paquet fiscal annoncé par le nouveau gouvernement. La livre a perdu plus de 10 % par rapport au dollar pour atteindre 1,03 à un moment donné au cours du mois. À la suite des interventions de la banque centrale sur le marché obligataire, la monnaie a pu se redresser partiellement, limitant la perte globale du mois.
CurrenciDevisesActuelSeptembre3 moisDepuis 31/12
USD0.9802.5%6.5%13.8%
GBP0.878-1.4%-1.9%-4.3%
JPY141.88-1.6%0.3%-8.4%
CHF0.9671.6%3.4%6.8%
Evolution par rapport à I'EUR jusqu'au 30/09/2022 Source : Bloomberg

Matières premières : la faiblesse des perspectives économiques pèse sur le prix des matières premières

Le prix du pétrole Brent est tombé sous la barre des 90 dollars le baril en septembre. Ce niveau n’avait plus été atteint depuis février. Au début du mois, cependant, l'OPEP+ a annoncé de manière inattendue une réduction de la production, annulant ainsi l'augmentation de 100 000 barils par jour du mois précédent. Une nouvelle réduction de la production, peut-être de plus d'un million de barils par jour (environ 1 % de la production mondiale quotidienne), est attendue début octobre. Ce faisant, l'OPEP+ vise à maintenir le prix à un niveau élevé malgré le ralentissement attendu de la demande. Le prix du gaz en Europe a fortement chuté en septembre, passant bien en-dessous de 200 euros par mégawattheure, après avoir atteint un pic de 340 euros par mégawattheure à la fin du mois d'août. Le marché a dû faire face à l'arrêt total des livraisons par le gazoduc Nord Stream 1 au début du mois et aux soupçons de sabotage du gazoduc à la fin du mois de septembre, mais dans chaque cas, cela n'a provoqué qu'une hausse temporaire des prix du gaz. En outre, la reconstitution des réserves de gaz en Europe pour l'hiver est en bonne voie.

Les matières premières industrielles poursuivent leur baisse de prix. Les métaux tels que le cuivre sont des bons indicateurs de l'activité économique. La Chine consomme la moitié de la production mondiale de cuivre et l'essoufflement du marché immobilier dans ce pays pèse sur la demande.

Le prix de l'or a également poursuivi sa baisse. Les taux d'intérêt réels américains (un indicateur du coût d'opportunité de l'or) ont continué à augmenter et le dollar à s'apprécier. Ce sont deux éléments qui ont pesé sur le prix de l'or en septembre, comme dans les mois précédents.
Matières premièresActuelSeptembre3 moisDepuis 31/12
Matières premières (GSCI)607.76-8.7%-14.3%8.3%
Pétrole (Brent)87.96-8.8%-23.4%13.1%
Or1660.61-3.1%-7.5%-8.6%
Evolution ie EUR jusqu'au 30/09/2022 Source : Bloomberg
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