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Monthly Market News

Monthly Market News juin 2023 – Tendances sur les marchés

Alexandre Gauthy - Economist
La tendance positive des marchés boursiers s'est poursuivie en juin. Les banques centrales ont continué à se concentrer sur le resserrement de la politique monétaire. Cependant, la désinflation, les attentes d'un atterrissage en douceur de l'économie et l'optimisme à l'égard des valeurs liées à l'IA et des grands noms de la technologie ont été les facteurs décisifs de la performance des actions.

Notre expert, Alexandre Gauthy, analyse les tendances sur les marchés en juin 2023.

Marchés d’actions : un mois de juin positif clôture un premier semestre solide

Les indices boursiers ont de nouveau progressé le mois dernier.
  • Le S&P500 et le Nasdaq ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis plus d'un an. Il s'agit du meilleur premier semestre depuis 2019 pour le S&P500 et depuis 1983 pour le Nasdaq !
  • Les marchés boursiers européens n'ont pas pu poursuivre leur surperformance des premiers mois de l'année, mais les indices européens ont néanmoins atteint des niveaux proches de leurs plus hauts niveaux de l'année. Cette récente sous-performance peut être attribuée à des données économiques plus faibles dans la zone euro (les chiffres ont récemment déçu les attentes du consensus) et à l'enthousiasme des investisseurs pour le thème de l'intelligence artificielle, qui est plus représenté dans les valeurs cotées aux États-Unis.
  • Les bourses au Japon et dans les marchés émergents rejoignent également la tendance à la hausse, même si cette performance est partiellement compensée par les mouvements des devises. Bien que la politique monétaire reste sur la voie du resserrement aux États-Unis et en Europe, les investisseurs se réjouissent de la tendance désinflationniste et de la croissance économique qui ralentit, sans pour autant décliner brutalement.
  • L'assouplissement monétaire et la probabilité croissante d'une relance budgétaire en Chine ont également constitué des facteurs de soutien.
Contrairement au mois de mai, la hausse semble moins concentrée sur les valeurs technologiques américaines ou l'intelligence artificielle. Elles mènent toujours la danse, mais sont rejointes par d'autres entreprises issues de secteurs cycliques ou "value". Ainsi, au mois de juin, l'évolution des indices "value" et "growth" aux États-Unis a été assez similaire, mais sur le dernier trimestre, la différence de performance est de plus de 10 % en faveur des valeurs de croissance.
Marchés d'actionsJuin3 moisDepuis 31/1212 mois
MSCI EMU NR3.8%2.7%15.3%24.1%
MSCI EUROPE NR2.4%2.3%11.1%16.7%
MSCI USA NR4.2%8.1%14.3%14.0%
MSCI JAPAN NR1.7%6.0%10.5%13.2%
MSCI EM. MARKETS NR1.4%0.5%2.6%-2.5%
MSCI AC WORLD NR3.4%5.7%11.5%11.7%
Performances en EUR au 30/06/2023 Source : Bloomberg

Marchés obligataires : les rendements fluctuent dans une fourchette étroite

Les rendements obligataires à 10 ans sont restés assez stables en juin, une tendance qui a caractérisé l'ensemble du deuxième trimestre. Le taux allemand à 10 ans a oscillé autour de 2,40 %, le taux américain a légèrement augmenté, mais il reste dans la fourchette dans laquelle il évolue depuis plusieurs mois (autour de 3,75 %). Les taux d'intérêt sont tiraillés entre d’une part la poursuite d'une politique monétaire stricte et la perspective d'un ralentissement de la croissance d’autre part. Aux États-Unis, les rendements à plus courte échéance ont augmenté de manière significative : le taux à deux ans a augmenté de 50 points de base en juin, sous l'effet de la nouvelle évaluation par le marché de la trajectoire future des taux d'intérêt de la Réserve fédérale. Le taux à deux ans a presque rejoint le niveau d'environ 5 % atteint avant l'éclatement des turbulences du secteur bancaire en mars.

Les écarts de rendement des obligations d'entreprises ont légèrement augmenté, tant pour les obligations de qualité (‘investment grade’) que pour les obligations à haut rendement (‘high yield’), les inquiétudes concernant une éventuelle récession et son impact sur les bénéfices des entreprises pesant plus lourdement sur ce segment obligataire.
Taux gouvernementaux 10 ansActuelJuin3 moisDepuis 31/12
Belgique3.060.090.10-0.17
France2.930.080.14-0.19
Allemagne2.390.110.10-0.18
Italie4.07-0.01-0.03-0.64
Grèce3.67-0.11-0.55-0.95
Espagne3.390.050.08-0.28
Etats-Unis3.840.190.37-0.04
Japon0.40-0.040.05-0.02
Evolution jusqu'au 30/06/2023Source : Bloomberg

Banques centrales : la lutte contre l'inflation se poursuit, la Chine à contre-courant

La persistance de l'inflation (de base) a incité de nombreuses banques centrales à relever leurs taux directeurs le mois dernier.

Il s'agit notamment de hausses de taux au Royaume-Uni et en Norvège (+50 pb chacun contre 25 pb attendus), en Suisse (+25 pb), en Suède (+25 pb), en Australie (+25 pb, de manière inattendue) et au Canada (+25 pb, après une pause depuis le mois de janvier).

Comme prévu, la Banque centrale européenne a relevé son taux de dépôt de 25 points de base à 3,5 %, atteignant ainsi son niveau le plus élevé depuis 2008. La banque centrale a également confirmé qu'elle arrêterait les réinvestissements dans le cadre de son programme d'achat d'obligations (APP) à partir de juillet. De manière plus frappante, les attentes en matière d'inflation (de base) ont été considérablement revues à la hausse. La présidente Lagarde a indiqué que la vigueur du marché du travail (grâce au secteur des services) expliquait la révision à la hausse des prévisions d'inflation. Dans ses commentaires, elle a déclaré qu'il était donc très probable que les taux d'intérêt soient à nouveau relevés en juillet.

Après 10 hausses de taux consécutives en 15 mois, la Réserve fédérale a laissé son taux directeur inchangé (dans une fourchette de 5,0 % et 5,25 %), comme prévu. La banque centrale souhaite ainsi mieux évaluer l'impact des hausses précédentes et obtenir plus d’éléments de confirmation de la tendance désinflationniste. Il convient de noter l'augmentation de l'attente médiane des membres de la Fed concernant l'évolution future des taux directeurs cette année ("Dot plot"). Cette attente s'élève désormais à 5,6 %, ce qui implique 50 points de base de hausses de taux supplémentaires.

La banque centrale chinoise a réduit de manière plutôt inattendue un certain nombre de taux d'intérêt-clés, y compris l'importante facilité de prêt à moyen terme. La facilité de prêt à moyen terme, un instrument clé pour le financement des banques, a été réduite de 10 points de base à 2,65 %. Cela sous-entend que les autorités monétaires sont préoccupées par l’affaiblissement prématuré de la reprise.
Tarif Banque centraleActuelDernier mouvementDate
Fed funds5.0-5.25%+0.25%Mai 2023
BCE taux de dépôt3.50%+0.25%Juin 2023
Situation au 30/06/2023 Source : Bloomberg

Devises : euro plus solide en juin

L'euro s'est renforcé par rapport à la plupart des devises en juin, la BCE étant actuellement considérée comme la banque centrale la plus restrictive.

Le dollar s'est affaibli par rapport à l'euro, passant de 1,07 au début du mois à près de 1,10. L'accord sur le plafond de la dette américaine n'a finalement eu que peu d'impact sur la monnaie.

Le yen japonais s'est affaibli de près de 6 % en juin, portant sa perte depuis le début de l'année à plus de 12 % par rapport à l'euro. La Banque du Japon a laissé sa politique monétaire inchangée (contrôle des taux d'intérêt et de la courbe des rendements) et le président Ueda a déclaré que la politique monétaire extrêmement accommodante se poursuivrait pendant un certain temps encore.
DevisesActuelJuin3 moisDepuis 31/12
USD1.091-2.5%-0.6%-1.9%
GBP0.859-0.1%2.2%2.9%
JPY157.44-5.9%-9.3%-12.1%
CHF0.977-0.4%1.5%1.3%
Evolution par rapport à l'EUR jusqu'au 30/06/2023 Source : Bloomberg

Matières premières : de nouvelles réductions de la production de l'OPEP+, le prix du pétrole réagit à peine

Les prix du pétrole ont légèrement augmenté en juin. Après que l'OPEP+ ait surpris avec une réduction de la production au début du mois d'avril - et que les prix du pétrole aient temporairement rebondi en conséquence - le cartel a annoncé une nouvelle réduction de la production d'un million de barils par jour au début du mois de juin. Cette réduction sera entièrement supportée par l'Arabie saoudite. Elle met en évidence certaines tensions au sein du cartel, les membres africains en particulier se montrant peu enclins à réduire volontairement leur production, alors que la Russie alimente le marché abondamment. La reprise de la demande chinoise de pétrole après les fermetures liées au Covid a été plus faible que prévu. Le prix du gaz (Dutch TTF monthly) est passé d'environ 25 euros par mégawattheure (le niveau le plus bas depuis plus de deux ans) à plus de 40 euros au cours du mois dernier, malgré des stocks records pour cette période de l'année. Le marché reste incertain quant à l'approvisionnement en raison de la confirmation de la fermeture permanente des champs gaziers de Groningue et des pannes temporaires en Norvège.

Les prix de l'or se sont légèrement affaiblis, en raison des commentaires toujours stricts des banques centrales. Le prix des matières premières a été impacté négativement par de nouveaux signaux d'affaiblissement de l'activité économique en Chine. Au cours du deuxième trimestre, les baisses de prix ont été assez importantes.
Matières premièresActuelJuin3 moisDepuis 31/12
Métaux industriels (GSCI)408.040.2%-9.8%-9.6%
Pétrole (Brent)74.903.1%-6.1%-12.8%
Or1919.35-2.7%-2.9%5.7%
Evolution en USD jusqu'au 30/06/2023 Source : Bloomberg
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