Quel impact ?
La vision de « Effective Atruism » (EA) ne condamne pas cette action spontanée car l’intention basée sur l’idée que « toute vie vaut d’être sauvée » est bonne. Cela dit, en avançant une philosophie plus « utilitariste », EA se concentre sur les résultats et l’impact d’un don plutôt que sur l’intention. Dépasser les sentiments pour remonter à la raison afin de maximiser les résultats d’un don, tout comme raisonnerait un investisseur. Et donner selon cette optique est sans doute plus difficile qu’investir car il implique de se détacher de toute émotion, du moins le temps du choix.
Pour évaluer sa pertinence et l’efficacité d’un don, trois éléments sont avancés par EA. Nous proposerons de prendre le cas de Pia pour l’illustrer.
- L’ampleur : quel est l’étendue de chaque euro donné, combien de vies puis-je sauver avec mon budget ?
Dans le cas de Pia 1,9M d’euros sont nécessaires pour sauver une vie, sans certitude.
Les théoriciens de EA se poseront la question de savoir combien de vies d’enfants pourraient être sauvées avec certitude avec ce même budget.
- La solvabilité : le problème peut-il être résolu ? Est-il réaliste d’investir dans ce domaine ? La solution est-elle à portée de main ? Les obstacles sont-ils surmontables ? Est-ce le bon combat ?
Si l’on analyse le problème du cas Pia, le problème initial, c’est bien la maladie, l’amyotrophie spinale, qui entraine le second problème, le coût du traitement. La question à se poser, dès lors : mon don, peut-il aider à prévenir la maladie ? Dans le cas de Pia, certains se sont scandalisés de l’attitude du laboratoire américain en possession du traitement et « responsable » du coût. D’autres sur le rôle de l’Etat et son impuissance à l’acheter. Est-ce le bon combat à mener que de faire pression sur ce prix ou cet achat? Cela contribue-t-il à résoudre le problème ?
- La négligence : le problème à résoudre est-il négligé ? Le rôle de la philanthropie est-il ici pertinent ou marginal par rapport à d’autres acteurs (pouvoirs publics, académiques, entreprises privées) ?
L’amyotrophie spinale est une maladie qui fait aujourd’hui l’objet de nombreuses recherches, publiques et privées et des traitements en phase de test. Les montants investis ont dépassé le stade de la philanthropie.
Cette analyse a fait l’objet de critiques, qualifiée de froide et de scientiste. Or, c’est son aspect pragmatique et tourné vers le résultat, qui séduit de plus en plus de philanthropes adeptes.
Des causes irrésistibles
Pour revenir à notre cas, si nous avions examiné tout cela, sans doute n’aurions-nous pas donné. Or, il était impossible de résister. Et c’est très bien, car la motivation du don viendra toujours de l’affectif. Le mouvement Effective Altruism le reconnaît totalement et encourage d’ailleurs de dédier 10 % de son budget philanthropique aux causes « irrésistibles », même si en termes d’efficacité cela aurait ses limites. C’est le moteur de la philanthropie. Ceci nous permettrait de résoudre le nœud dans notre conscience : nous avons donné 2€ pour sauver un enfant, et si nous donnions les 18 autres à une cause qui sauvera un maximum d’enfants, peu importe où et qui ils soient ?
A titre d’exemple, GiveWell est une organisation qui analyse et sélectionne des programmes philanthropiques qui combinent ampleur, solvabilité et négligence pour permettre une efficacité maximale du don.
Chez Degroof Petercam, notre service de conseil en philanthropie vous accompagne pour donner de la manière la plus stratégique possible et pour vous accompagner dans votre projet philanthropique.