Conditions et incertitudes
Cependant, si Joe Biden gagne les élections présidentielles, mettre un tel plan en action risque de se révéler très complexe. Il faudra en effet trouver de quoi financer de tels investissements publics. Joe Biden propose de le faire en augmentant les impôts sur les entreprises de 21 % à 28 %. De telles mesures requièrent l’accord du Sénat et de la Chambre. Il faudra donc que les Démocrates contrôlent les deux hémicycles après les élections, car les Républicains sont résolument contre ce type de changements. D’autres objectifs mentionnés dans son programme semblent un peu trop ambitieux ; comme la volonté d’atteindre zéro émission dans le secteur de l’électricité d’ici 2035. Il est vrai que le gaz naturel et le charbon représentent encore 60 % de ce secteur, et, même si les coûts reliés aux investissements dans l’énergie renouvelable ont fortement chuté ces dernières années, il faudrait investir énormément dans les énergies renouvelables dès demain pour changer la donne. Selon une nouvelle étude de l’Université de Berkeley, pour que 90 % du secteur d’électricité devienne zéro carbone d’ici 2035, sans augmenter les prix pour les consommateurs, 1 700 milliards de dollars devraient être investis par le gouvernement américain. L’objectif n’est pas impossible à atteindre, mais une décarbonisation totale du secteur d’ici 2035 paraît peu probable.
Il faudra aussi que Biden se détache du milieu et des lobbys du gaz et du pétrole. En effet, lors de ses années comme vice-président d’Obama, la production de gaz naturel et de pétrole était en plein boom et aujourd’hui encore on peut lui reprocher de ne pas être assez dur envers les compagnies d’énergies fossiles. Il oublie par exemple de mentionner le problème du «frackingfracking» dans son programme, un sujet très controversé. Biden a souvent été critiqué pour ses liens avec le secteur du gaz naturel, notamment via son fils Hunter, qui a siégé au comité de direction de Burisma, une compagnie de gaz naturel.
Changer la donne
Si Joe Biden arrive à réaliser les objectifs ambitieux de son plan climatique, il pourrait changer le cours de l’Histoire et permettre aux États-Unis de prendre un rôle de premier plan dans l’Accord de ParisAccord de Paris. Il faut toutefois user de prudence face à son plan, qui n’est, jusqu’à présent, qu’un programme électoral conçu pour plaire aux électeurs. Il faudra le voir mis en œuvre pour le croire. De l’autre côté, un deuxième mandat pour Trump est à craindre. N’oublions pas que durant ses quatre années à la tête du pays, il a diminué le financement pour l’Environmental Protection Agency (EPA) et promu les énergies fossiles. Son mandat peut être qualifié de catastrophique d’un point de vue environnemental.
Si Joe Biden devient le nouveau président américain, il aura l’opportunité de montrer sa fidélité à son plan climatique et de devenir, le cas échéant, le premier chef d’État américain à prendre des mesures radicales pour combattre