Nos experts suivent de près les évolutions macro-économiques et les marchés financiers.
coronavirus mesures exceptionnelles

Coronavirus : des mesures exceptionnelles

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Le coronavirus frappe fort. Ce qui a commencé comme un phénomène local à Wuhan, en Chine, fait maintenant le tour du monde à une vitesse sans précédent, également en Belgique. Notre gouvernement impose à juste titre des mesures rigoureuses telles que la distanciation sociale. Découvrez les autres mesures exceptionnelles prises pour lutter contre cette pandémie.
S’il est encore impossible à chiffrer précisément aujourd’hui, il est clair que le bilan économique de la crise sanitaire sera très lourd. Dans notre scénario économique de base, nous prévoyons un choc violent. Mais à un moment donné – et c’est le propre d’une pandémie – la propagation du Covid-19 atteindra un pic et la situation devrait se stabiliser. Un tel choc est donc par nature temporaire. Quand ce pic sera-t-il atteint ? Notre scénario économique de base prévoit que l’économie mondiale recouvrera une croissance positive à partir du troisième trimestre. À cet égard, les développements observés en Chine sont encourageants. Le nombre de nouveaux cas de contamination s’est affaibli et l’activité économique reprend petit à petit.
Voici la feuille de route – en trois temps – des mesures engagées pour contrer la crise sanitaire.

Imposer la distanciation sociale pour freiner le corona

Peu à peu, la plupart des États mettent en place des mesures de distanciation sociale – dont de confinement – plus ou moins radicales. Partout, l’objectif est le même : réduire la vitesse de propagation de la pandémie afin de faciliter l’accès au soin des personnes les plus vulnérables.
Bien sûr, son résultat dépend en grande partie des propriétés intrinsèques du virus. Mais nos sociétés ont aussi un choix crucial à opérer : la discipline pour que l’effet de la distanciation sociale collective réduise les chances du virus de se propager. Quel en sera le résultat ? L’avenir le dira mais en Chine, pareilles mesures draconiennes ont réussi à réduire le taux de reproduction de base du coronavirus. Ce taux, appelé R0 et qui mesure le nombre d’individus qu'une personne infectée contaminera, y aurait été réduit à 0,32 alors qu’il était de 3,86 lors du déclenchement du virus1. Ce n’est qu’une fois qu’on connaîtra l’effet des mesures prises qu’on sera capable d’appréhender, à travers des modèles statistiques, le temps qu’il faudra pour stabiliser la propagation.

Fournir des liquidités en période de corona

Afin de gérer l'impact sur l'emploi et le système financier, les autorités peuvent agir. Les autorités monétaires – en coordination avec les gouvernements – ont là un rôle crucial à jouer. Plus que sur les taux directeurs, l’action des banques centrales se concentre sur la garantie de la liquidité au sein du système financier et sur l'offre de crédit aux entreprises. En situation de crise, les banques centrales doivent intervenir dans le cadre de leur mission de « prêteur de dernier recours ». Et il s’agit ici d’une crise exceptionnelle. Des initiatives à grande échelle sont prises partout dans le monde.
La Banque centrale européenne a introduit de nouvelles opérations de refinancement favorables pour les banques commerciales dont le but est de garantir le maintien du crédit aux entreprises. Elle a assoupli les conditions de garantie et ajoutait une première enveloppe supplémentaire de 120 milliards d’euros au programme d'achat d'obligations en cours. Suite à toutes ces mesures, la BCE achètera pour presque 120 milliards d’euros par mois d’obligations, et ce jusqu’à la fin de l’année. Il s'agit d'un programme de support conséquent qui indique, pour utiliser les mots de Christine Lagarde, que « les moyens de la BCE sont illimités lorsqu’il s’agit de défendre l’euro ».
La Fed a de nouveau baissé ses taux directeurs, le nouveau taux étant de 0-0,25 %. Elle a décidé d’acheter pour un montant illimité de dette publique et hypothécaire dans les prochains mois. La Fed a également assoupli les besoins en fonds propres des banques afin de soutenir les prêts aux entreprises et aux ménages. En outre, elle a ouvert des lignes de crédit en dollars à bon marché aux principales banques centrales du monde afin d’éviter la pénurie de dollars.

Prendre soin des citoyens en cas de pandémie

La nature de la reprise économique qui suivra le choc dépendra de l’action des gouvernements. Là aussi, nous pensons que la plupart des gouvernements – en tous cas en Europe – finiront par être au rendez-vous, certes après des hésitations initiales. Certains comme en Belgique, ont déjà annoncé l’introduction de mesures budgétaires exceptionnelles : chômage temporaire, report et réduction d’impôts et des cotisations sociales, régimes de garantie, régimes d'indemnisation, fonds de soutien, renflouements, etc.
Ces mesures de relance impliquent l’acceptation par la Commission européenne de nouveaux déficits budgétaires. Nous pensons que, sur ce point, les traités européens seront probablement suspendus de façon temporaire. La relance keynésienne qui se profile, portera à la fois sur les investissements et les dépenses sociales. L’augmentation des déficits sera financée par de la dette qui elle-même porte des taux négatifs.

Bénéfices des entreprises

L’action des banques centrales et des gouvernements, au travers de mesures de distanciation sociale, d’apport de liquidités et de relance budgétaire sera, selon nous, décisive dans le combat de la crise sanitaire.
À l’évidence, les entreprises vont souffrir à court terme. Certains envisagent même une baisse des résultats de 15-20 % en 2020. Mais se concentrer exclusivement sur les résultats de cette année, c’est perdre de vue l’impact qu’aura sur nos économies l’action des autorités. Après la baisse boursière, les actions américaines capitalisent 15,5 fois les bénéfices, soit un « earnings yield » de 6,5 %. L’Europe et le Japon seulement 11 fois (9 %). Les primes de risque obtenues lorsqu’on déduit le rendement obligataire de ces États, sont au plus haut depuis la fin des années 1980.
1 Source : BCA Research 2020 quoting Chaolong Wang, Li Liu, Xingjie Hao, Huan Guo, Qi Wang, Jiao Huang, Na He, Hongjie Yu, Xihong Lin, Sheng Wei, and Tangchun Wu, « Evolving epidemiology and impact of non-pharmaceutical interventions on the outbreak of coronavirus disease 2019 in Wuhan China”,MEDRXIV.ORG
Partager l'article
Plus sur ce thème:
Réglementé par l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) et la Banque Nationale de Belgique | Tous droits réservés 2024, Degroof Petercam