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La Bourse s’inquiète d’un reconfinement de nos économies

La Bourse a semblé ignorer pendant des mois les nouvelles négatives sur le front de l’économie réelle. Ni le nombre en hausse des faillites, ni le recul du commerce international, ni la hausse de l’endettement public ni la montée du chômage des jeunes n’avaient de prise sur la hausse des marchés financiers. Mais au cours des derniers jours, cette même Bourse semble s’inquiéter d’un possible retour à un confinement partiel ou total de nos économies. Décryptage de ce revirement d’attitude par Jérôme van der Bruggen.
Il est clair que les marchés boursiers ne progressent plus, voire baissent depuis le début du mois de septembre. A quoi faut-il attribuer ce changement d’attitude ? Plusieurs facteurs techniques ont joué un rôle dans ce renversement de tendance :
  • les prises de bénéfices pour les actions GAFA
  • les déceptions de la banque centrale américaine (FED)
  • le début de la fenêtre de blackout pour les rachats d’actions américaines
  • la saisonnalité, etc.
Bref, autant d’éléments négatifs qui ont pesé sur les cours. Mais c’est clair que la remontée des chiffres de contamination au COVID-19 un peu partout dans le monde a aussi joué un rôle.

Taux de mortalité

Bien entendu, certains s’interrogeront : pourquoi ce brusque revirement à l’égard des chiffres COVID-19 alors qu’en réalité, le nombre de décès est en baisse et que la mortalité du virus semble être moindre qu’on ne le pensait jusqu’à présent ? A cela, il convient de rappeler que la reprise des cas COVID-19 est là et que c’est en soi inquiétant en dépit du faible taux de mortalité. Pour rappel, durant la semaine écoulée du 22 septembre dernier, nous avons enregistré 172.391 cas dans les 5 pays d’Europe concernés (Espagne, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie), soit autant que le pic enregistré le 7 avril dernier (200.550 cas). Et donc, les investisseurs ont pris peur d’un éventuel retour de la pandémie avec les risques de reconfinements partiels ou totaux. Bien entendu, et fort heureusement d’ailleurs, le nombre de décès est dix fois moindre (1.573 contre 21.900 pour la même période), mais cet élément n’a pas suffi à rassurer les investisseurs contre un éventuel nouveau gel de nos économies.

Les 3 phases de Sophie Wilmès

La dernière conférence de presse de notre Première ministre Sophie Wilmes nous rappelle à juste titre que nous sommes dans une crise en 3 phases.
  • La première est relative au confinement et à son corolaire, l’effondrement de la croissance économique.
  • La deuxième phase, derrière nous maintenant, c’est la période de dé-confinement et une reprise plus ou moins forte.
  • Et aujourd’hui, nous sommes dans la troisième phase, celle où nous devons tous apprendre à vivre avec le virus.
Et sur le plan économique, nous sommes hélas dans une période d’essoufflement de la reprise mais heureusement sans effondrement. L’essoufflement ? Il suffit de regarder les indices d’activité comme l’indice PMI de la zone euro : en août dernier, il était à 51.9 et aujourd’hui, il a chuté à 50.1. Certes, le secteur manufacturier affiche une bonne tenu (amélioration à 53.7) mais le secteur des services reste faible (sous les 50). Quant à l’absence d’effondrement de la croissance, elle s’explique par le rôle de l’Etat (plans de relance sectoriels, mesures de soutien comme le chômage Corona, etc.) et le soutien des autorités monétaires.

Pendant tout un temps, le modèle d’AB InBev a été une réussite, mais ce temps semble révolu aujourd’hui.

Nouveau confinement ?

Reste à s’interroger : va-t-on pouvoir éviter un nouveau reconfinement ? Personne n’a de boule de cristal et en matière sanitaire, l’actualité nous a démontré qu’il faut rester prudent pour ne pas être contredit par les faits. Néanmoins, il nous semble – tout en restant prudent – qu’au moins 4 raisons plaident pour une absence de reconfinement total comme celui que nous avons connu au mois de mars dernier :
  • D’abord, l’arrivée prochaine d’un vaccin. 300 vaccins sont en cours de fabrication dont 9 sont en phase 3 avec 60 % de probabilité d’approbation.
  • Et puis, n’oublions pas que nos sociétés ont appris à s’adapter, que ce soit via les protocoles médicaux, le port obligatoire des masques et/ou le traçage des personnes à risque.
Le pire n’est donc pas toujours certain.

Nouvelles opportunités

Bien entendu, le risque sanitaire n’est pas le seul susceptible de faire tanguer les Bourses au cours des prochaines semaines.
  • Le Brexit n’a pas disparu du radar des investisseurs. La dernière déclaration de Boris Johnson montre qu’il compte revenir sur ses engagements sur l’Irlande, et de facto, ce genre de déclaration renforce la probabilité d’un NO DEAL, donc pas d’accord de libre-échange. Si cela devait se concrétiser, l’impact serait surtout négatif pour la Grande-Bretagne et moins sur la zone euro. La livre risque aussi d’en pâtir fortement.
  • Les élections présidentielles américaines du 3 novembre prochain renforcent également l’inquiétude générale des investisseurs. Non pas tant sur l’issue du scrutin, mais sur les possibles remous ou contestations du vote final. Les plus pessimistes évoquent même un danger de guerre civile.
En revanche, ces remous politiques ne doivent pas nous faire oublier que les grandes tendances économiques sont présentes et que la pandémie ne fait qu’accélérer l’émergence de celles-ci. Raison pour laquelle nous pensons qu’il y a des opportunités à saisir autour de la révolution digitale et de la transition énergétique.
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