Bonne nouvelle pour les SIR de santé
A retenir :
- Après avoir choisi de rehausser le précompte mobilier à 27 % en 2016, le gouvernement belge a rapidement décidé en juin de ramener ce même impôt de 27 à 15 % à partir du premier janvier 2017 pour les Sociétés immobilières réglementées (SIR) investissant en immobilier de santé.
- Ce retour rapide à un taux d’imposition plus faible est motivé par la volonté de maintenir la compétitivité des SIR investissant en immobilier de santé par rapport aux pays voisins, mais aussi par leur bilan fiscal élevé et leur haute valeur sociale. En outre, cette mesure est destinée à contrer une hausse des coûts de location pour certaines communes.
- Ce régime fiscal fraîchement allégé ne s’appliquant pas aux fonds immobiliers résidentiels, l’impact financier est important en fonction des activités des sociétés immobilières cotées en Belgique.
Selon un communiqué de presse du Ministre belge des Finances publié au mois de juin, les précomptes mobiliers sur les dividendes payés par les SIR belges investissant en « immobilier de santé » bénéficieront à nouveau du taux réduit de 15 % en lieu et place du taux ordinaire de 27 % applicable à la plupart des dividendes et paiements d’intérêts originaires de Belgique. Pour rappel, le précompte mobilier ordinaire était en effet déjà passé de 25 à 27 % en janvier 2016. À la suite de discussions budgétaires laborieuses, le taux « normal » de 27 % sera à nouveau augmenté à 30 % à partir de 2017. Pour accroître encore la confusion, certaines forces politiques plaident en faveur de mesures « encourageant les investissements dans des actions ». Quelles forces se cachent derrière ces mouvements contradictoires et à quoi les investisseurs peuvent-ils s’attendre dans les prochains mois ?
Le précompte mobilier joue un rôle très important en Belgique, étant donné qu’il fut jusqu’à présent le principal moyen de taxer les revenus du capital, avec la « taxe sur les opérations boursières » (TOB) et la maintenant défunte « taxe spéculative » due sur les plus-values réalisées sur les actions, les options et d’autres instruments cotés et détenus depuis moins de 6 mois. Le taux est également un élément essentiel, car le précompte mobilier est payé à titre libératoire pour les investisseurs privés et non en tant qu’avance sur la taxation définitive comme dans de nombreux pays. En d’autres termes, le taux du précompte mobilier est le taux d’imposition réel payé sur des dividendes.
La seule voie : une hausse
Le second point, à savoir la préservation de l’attractivité fiscale des SIR belges, est également important vu que la Belgique tient à pouvoir concurrencer des structures de « REIT » similaires dans les pays limitrophes et protéger ce qui est aujourd’hui un secteur florissant et générateur de rentrées fiscales. Car même si les SIR ne paient pas d’impôt des sociétés, elles génèrent des revenus significatifs pour les caisses de l’État, incluant le précompte mobilier, des taxes de sortie (une taxe unique due lorsqu’une société adopte le régime SIR) et d’autres impôts (taxe d’abonnement, précompte immobilier...).
Faites simple, svp !
Un caractère social
Lors de la dernière réforme, fin 2015, le précompte mobilier passait (à nouveau) à 27 % et la réduction de taux accordée aux SIR résidentielles était supprimée, avec pour résultat une hausse spectaculaire en à peine 4 ans de l’imposition des dividendes distribués par des SIR résidentielles, taxés à l’origine à 0 %. C’est pourquoi l’actuel Ministre des Finances a annoncé, au titre de compensation (partielle) et afin d’éviter certains effets collatéraux indésirables (certaines communes devant payer des locations beaucoup plus élevées à la Care Property Invest, une SIR cotée), que le précompte mobilier pour les « SIR investissant en immobilier de santé » sera ramené à 15 % à partir de janvier 2017. Notez bien qu’il ne s’agit que d’une compensation partielle, étant donné que l’immobilier de santé (maisons de santé, appartements de logement assisté...) était auparavant qualifié d’immobilier résidentiel, alors que l’immobilier résidentiel « simple », comme des appartements « normaux », n’a pas la qualité d’actif immobilier de santé.
Les SIR concernées par la mesure annoncée (mais qui n’a pas encore été publiée officiellement sous forme de loi) seraient Aedifica et Care Property Invest (CPI), qui investissent toutes deux principalement dans des actifs immobiliers de santé, mais pas Home Invest Belgium (HIB), qui a bénéficié jusque fin 2015 du taux réduit en tant que SIR résidentielle. CPI a la possibilité contractuelle de répercuter les effets d’une hausse du précompte mobilier sur ses locataires « historiques », comme en 2013 (lors du passage du taux de précompte mobilier pour les SIR résidentielles de 0 à 15 %). En d’autres termes, les hésitations fiscales du gouvernement n’engendreront que des nuisances administratives que pour Care Property, avec des effets toutefois un peu plus négatifs pour les actionnaires de CPI qui ne sont pas soumis au précompte mobilier belge. Pour Aedifica, ce mouvement est positif étant donné que la société ne peut pas répercuter l’impact de la hausse du précompte mobilier sur ses locataires. Ce que signifie que, bien que nous ne prévoyions pas que le rendement brut soit fondamentalement affecté, les actionnaires d’Aedifica assujettis au précompte mobilier belge verront avec soulagement leur rendement net augmenter d’environ 16 %. En plus de l’effet fâcheux pour HIB, cette nouvelle réforme lancée à peine un an après la dernière est plutôt négative pour l’image de la Belgique et le manque de stabilité de son régime fiscal.
Une hausse des taux du précompte mobilier est inévitable dans le contexte fiscal et politique belge actuel, vu qu’il s’agit là d’un moyen simple et direct d’augmenter les recettes des impôts. De nouvelles taxes sur les plus-values réalisées sur les actions sont plus compliquées à mettre en œuvre et moins efficaces, mais pourraient toutefois être adoptées malgré tout pour des raisons politiques. Pour finir sur une note plus positive, on ne peut exclure que d’autres formes d’immobilier jouissent (à nouveau) d’un taux de précompte mobilier moins élevé à l’avenir, tels que les logements sociaux et abordables ou les immeubles dédiés à des services publics (écoles, crèches...).
Ce sujet a également été abordé dans un article de L'Echo ("La fiscalité des dividendes des SIR sujette à une grande instabilité").