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Comment les entreprises réagissent aux pénuries ?

Jérôme van der Bruggen - Chief Investment Officer
Depuis plusieurs mois, nous observons des augmentations des prix des matières premières à tous les niveaux. Aussi bien dans l’agroalimentaire (matières agricoles) que dans l’industrie (métaux et dérivés du pétrole) ; dans la construction (le bois) et également sur un bien qui n’est pas vraiment une matière première mais qui en a les caractéristiques : les semi-conducteurs. Quel est l’impact de ces pénuries sur le marché des actions ?

Pénuries : les raisons ?

Remarquons d’abord que les pénuries – comme les excédents d’ailleurs - sont un facteur classique de la production de matières premières. Elles font partie du cycle naturel de la production de matières premières. Pourquoi ? Parce que l’offre est rigide – on ne mets pas en route du jour au lendemain une nouvelle mine ou une nouvelle unité de production –  et la demande est volatile (dépendante des cycles économiques). Ce va-et-vient constant entre pénurie et excédents est la raison pour laquelle les économistes les traitent comme des facteurs temporaires. 
Or, ce cycle naturel a été renforcé par deux éléments dans la crise sanitaire :
  • D’abord, la violence du choc de la crise sanitaire de 2020 fut telle qu’elle l’a amplifié aussi bien sous la forme d’un véritable trou d’air lors de l’arrêt provoqué par la pandémie que sous celle d’un véritable goulet d’engorgement lors du redémarrage. L’impact sur les prix n’en a été que plus prononcé. 
  • Ensuite, quelques facteurs exceptionnels aussi bien climatiques (vague de froid en Amérique du Nord en février et le gel du printemps) et géopolitiques ont renforcé ces tendances. 
Mais en principe, ces facteurs déstabilisateurs se résorberont dans le temps.

Chaînes de production

L’un des effets de la mondialisation est que les chaînes de production se sont primo, spécialisées et donc fragmentées (avec des producteurs situés un peu partout sur la planète) et secundo, intégrées c’est-à-dire que tous les acteurs sont devenus interdépendants. Avec deux conséquences à la clé : 
1.
Les chaines de production sont très dépendantes du transport. On sait que les prix du fret ont aussi été touchés par ces pénuries, ce qui a renforcé l’impact sur les prix en général. 
2.
Le choc initial de ces pénuries se répercute et se propage sur toute la chaîne de production, ce qui induit des comportements de stockage parfois néfastes qui viennent eux aussi renforcer l’impact sur les prix. 

La réaction des entreprises

D’emblée, avouons qu’il est impossible de généraliser l’impact des pénuries sur les entreprises. La raison ? Cela dépend bien sûr du secteur d’activité et des stratégies des entreprises. Deux exemples d’entreprises industrielles belges illustrent ce propos.
  • Melexis, fabricant belge de circuits intégrés pour l’automobile (avec un chiffre d’affaires d’environ 500 millions d’euros en 2020). Melexis bénéficie de contrats à long terme (en moyenne 5 ou 6 ans) avec ses clients. Or, au sein de ces contrats, il est prévu qu’ils puissent répercuter certaines augmentations de prix (par exemple sur les tranches de semi-conducteurs ou certains produits chimiques) automatiquement. En d’autres mots, les marges de Melexis ne seront pas fortement impactées par les pénuries. 
  • Deceuninck, fabricant belge de matériaux plastiques (PVC) pour la construction, notamment les châssis (chiffre d’affaires en 2020 d’environ 650 millions d’euros). Au contraire de Melexis, les contrats dans cette industrie sont plus courts. En plus, l’industrie dans laquelle ils opèrent est très concurrentielle avec des possibilités de substitution (par exemple l’aluminium). Le risque d’impact de l’augmentation des prix des matières premières (comme des produits chimiques) sur ses marges est donc réel et l’entreprise doit se battre pour la répercuter à ses clients. Cela étant dit, Deceuninck y réussit assez bien, notamment aux Etats-Unis où ils ont même des contrats de vente liés au PVC (comprenez : des ajustements de prix automatiques à la hausse mais aussi à la baisse lorsque les matières premières bougent). En Europe, le marché est plus difficile. Mais notons que pour les alternatives telles que l'aluminium, les prix ont progressé encore plus rapidement, de sorte que la substitution n'est pas réaliste.
En conclusion, chaque entreprise doit donc être analysée soigneusement avant de décider d’y investir. C’est notre mission quotidienne au service de nos clients.
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